"Il s'est passé quelque chose de grave": c'est quoi ce missile hypersonique que la Russie aurait "volé" aux Etats-Unis selon Trump?

La rupture entre Donald Trump et la Russie serait-elle définitivement consommée? Le président américain a été peu amène ce samedi avec le pays de Vladimir Poutine.
A l'occasion d'un discours tenu aux armées américaines lors de la remise des diplômes de l'école de West Point, Donald Trump a affirmé que les États-Unis avaient inventé le concept de missile hypersonique et qu'il leur avait été "volé".
"Huit cadets présents aujourd'hui ont relevé le défi de concevoir leur propre fusée hypersonique, a-t-il déclaré. On pourrait vous aider à les construire dès maintenant. Vous savez, la nôtre nous a été volée. Nous en sommes les concepteurs. Elle nous a été volée sous l'administration Obama. Vous savez qui l'a volée ? Les Russes. Il s'est passé quelque chose de grave."
Ce n'est pas la première fois que le président américain fait de telles accusations. En janvier dernier, lors d'une interview à la chaîne Fox News, Donald Trump avait déjà assuré que "la Russie [avait] volé le plan, ils l'ont obtenu de nous".
Avant toutefois d'assurer que les Etats-Unis comptaient aller plus loin en développant "des missiles "superhypersoniques"… ce qui est encore mieux".
Un missile intercontinental
Mais ni ce samedi, ni même en janvier dernier, le président américain n'a fourni de preuve pour étayer cette affirmation de "vol" russe qui aurait eu lieu durant la présidence Obama.
En tout cas, la Russie a assuré avoir déjà utilisé une arme hypersonique, mais le Pentagone et les experts ont des doutes sur la nature exacte du missile.
En novembre dernier, l'Ukraine a été frappée par un missile intercontinental non nucléarisé.
Comme son nom l'indique, un missile intercontinental peut frapper un continent depuis un autre. Techniquement, selon les traités internationaux, cela signifie qu'il dispose d'une portée supérieure à 5.500 kilomètres. Quant au terme "balistique", il désigne un projectile autopropulsé et guidé, dont la trajectoire dépend de la gravité et de sa vitesse.
Sur ce type de portée, cette trajectoire passe en théorie par l'espace. Russie et Etats-Unis ont mis au point les premiers à la fin des années 1950 pour emporter une charge nucléaire. Mais en l'espèce, le missile utilisé par Moscou n'emportait pas de charge nucléaire voire, selon les experts, pas de charge du tout. Et il n'a probablement pas quitté l'atmosphère sur une si courte distance.
Plusieurs experts avaient évoqué en novembre dernier la possibilité d'un tir d'un missile "RS-26 Rubezh", une arme dont le développement avait été arrêté en 2018. Vladimir Poutine a assuré il y a quelques mois détenir la technologie des armes balistiques hypersoniques. Le président russe a en effet affirmé à la télévision que l'armée a "testé un des systèmes de missiles russes à portée intermédiaire les plus récents, en l'occurrence un missile balistique dans sa configuration hypersonique non nucléaire. Nos ingénieurs en missiles l'ont baptisé 'Orechnik'".
3 km par seconde
Toujours selon la Russie, ce missile serait capable d'atteindre des vitesses dites hypersoniques, soit au moins cinq fois la vitesse du son. En l'occurrence, le chef du Kremlin a communiqué sur une vélocité de Mach 10, soit entre 11.000 et 12.000 km/h. La vitesse est importante, car plus un missile se déplace vite, plus vite il atteint sa cible. Et plus vite il atteint sa cible, moins les forces armées en défense ont de temps pour réagir.
"Je serais surpris que la Russie parvienne à fabriquer (un tel engin) sans s'appuyer au moins à 90% sur des conceptions existantes et sans cannibaliser les pièces du RS-26 (ou un autre missile)", estimait alors sur X Fabian Hoffmann, expert en armement de l'université d'Oslo.
Vladimir Poutine avait lui affirmé "qu'il n'existe aujourd'hui aucun moyen de contrer de telles armes. Les missiles attaquent des cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde. Les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde et les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe n'interceptent pas ces missiles".
La Chine et la Russie assurent avoir toutes deux mis en service des armes hypersoniques, tandis que la Corée du Nord et l'Iran affirment avoir développé et testé des systèmes similaires. Fin mars 2025, les États-Unis ont procédé à un essai de défense antimissile en tirant un intercepteur simulé sur une cible hypersonique au-dessus du Pacifique.
De son côté, la Commission européenne a déjà alloué au moins 80 millions d'euros au programme de système d'interception hypersonique par le biais du Fonds européen de défense (FED). Un programme qui sélectionnera les meilleurs intercepteurs pour contrer les menaces hypersoniques.