Grippe: faut-il craindre une pénurie des vaccins?
Jamais le vaccin contre la grippe n'avait eu un tel succès. Alors que la France peine, chaque année, à convaincre les personnes à risque de ne vacciner (seule 47,8% d'entre eux le font, en moyenne), la crise sanitaire actuelle a provoqué une véritable ruée vers les pharmacies.
Selon une enquête auprès de ses adhérents, l'Union syndicale des pharmaciens d'officine (USPO), deuxième syndicat de la profession, estime entre 70 et 90% le nombre de pharmacies n'a déjà plus de stock, une dizaine de jours seulement après l'ouverture de la campagne vaccinale.
Un chiffre très éloigné de la réalité selon le ministère de la Santé qui assure que, "dans les régions les plus touchées, on arriverait à 18 à 20% de pharmacies en rupture de stock", selon les chiffres de l'ordre.
Une chose est sûre: l'afflux a été clair dans certaines officines qui sont désormais à sec, comme le confirme une pharmacienne sur BFM Paris.
Faut-il s'en inquiéter? Le gouvernement avait prévu le coup en augmentant de 30% le nombre de doses cette année pour arriver à 15,6 millions de doses. "En complément, l’Etat a, pour la première fois, procédé à la commande de doses supplémentaires (2,5 millions de doses) dans le cadre d’un stock d'Etat", soulignait le ministère de la Santé, fin septembre, assurant que l'approvisionnement sera maintenu avec les laboratoires pendant toute la campagne de vaccination.
Avec Sanofi et Mylan, le labrotaoire GSK - qui avait interrompu la mise sur le marché de son vaccin ces dernières années - a d'ailleurs été sollicité par le gouvernement pour abonder le stock de réserve. "Nous venons de confirmer que nous sommes en capacité de leur fournir des doses de notre vaccin quadrivalent contre la grippe, FluarixTetra" indique GSK à BFM Business. Face aux pénuries, les livraisons étalées de vaccins vont donc s'accélérer et la prochaine arrive cette semaine.
Peu de marges de manoeuvre
Du côté des laboratoires, on souligne aussi que la campagne est avant tout préventive et s'étale sur plusieurs mois. D'autant que l'épidémie grippe saisonnière apparait classiquement fin décembre, début janvier, selon Santé Publique France.
En réalité, le vrai risque serait d'une demande bien supérieure à celle attendue. Si les stocks devraient calmer la pénurie actuelle, les laboratoires ont très peu de marges de manœuvre pour augmenter drastiquement leurs stocks.
Contacté par BFM Business, Sanofi souligne avoir "fourni un effort exceptionnel de production à la limite de nos capacités, de l’ordre de +20 à +25% pour l’ensemble de la production globale, y compris la France par rapport à l’année précédente."
Pour le ministère, la priorité doit donc aller vers les personnes à risque.