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Grèves, manifestations, violences: la France garde la cote auprès des investisseurs étrangers

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A la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les grands groupes étrangers ne s'inquiètent pas du climat social en France. Et réaffirment l'attractivité du pays.

"Pour les Allemands, les grèves en France, ça fait partie du folklore !". Les investisseurs étrangers ne cèdent pas à la panique face aux tensions provoquées par la réforme des retraites.

Le président de la chambre franco-allemande de commerce et d'industrie, et ancien président de Bosch en France Guy Maugis rappelle que la France "est un pays éruptif, avec des poussées de fièvre tous les six mois... et puis les choses finissent par rentrer dans l'ordre". Même son de cloche du côté des chambres de commerce et d'industrie en France.

Pour leur président Alain Di Crescenzo, "les investisseurs étrangers connaissent bien le phénomène, il est intégré depuis des années".

Les conseillers du commerce extérieur de la France relativisent aussi la situation, et rappellent que le pays a au contraire gagné en attractivité malgré la succession des secousses sociales depuis 2018: la réforme de la SNCF, les gilets jaunes et la première réforme des retraites avortée d'Emmanuel Macron.

"Si les investisseurs étrangers étaient échaudés par ce type de crises, cela fait longtemps qu'ils auraient pu plier bagage", juge Gilles Bonnenfant, président d'Eurogroup Consulting, et de la commission pour l'attractivité de la France des conseillers du commerce extérieur de la France. Le fait de vouloir aller au bout de la réforme des retraites, sans majorité à l'Assemblée, et en sachant les risques sociaux encourus, est au contraire perçu comme un très bon signal par les investisseurs étrangers.

"Cela montre que le président de la République a envie de réformer envers et contre tout, et que les réformes sont toujours possibles dans le pays" analyse Gilles Bonnenfant.

Image positive de la France

Malgré les tensions et des images qui peuvent "réveiller des vieux démons" pour Bijan Eghbal, président de l'Amcham, la chambre de commerce américaine en France, les investisseurs étrangers ont donc en réalité une lecture positive des évènements. "Et ce serait le retrait de la réforme qui enverrait un très mauvais signal, explique Guy Maugis. Là, on se dirait que les réformes ne sont plus possibles en France". Les chefs d'entreprises étrangers souhaitent évidemment que le calme revienne le plus vite possible dans le pays, et le président de CCI France Alain Di Crescenzo alerte sur l'impact de ces mouvements sur l'activité des commerçants, cafés et restaurants.

Mais au-delà de ces tensions, les grands groupes étrangers expliquent que leurs décisions d'investissements "ne reposent pas sur des images ou des émotions, mais sur du long terme et des fondamentaux". Et la chambre de commerce américaine en France les juge "très solides", avec une politique fiscale et des plans d'investissements pro-business et constants depuis 2017.

Ces grands groupes rappellent enfin qu'ils font un benchmark des pays avant d'investir, et la situation en France les préoccupe beaucoup moins que celle de nos voisins et concurrents en Europe: la crise de l'énergie et la fragilité de la coalition politique en Allemagne, la récession et la succession de Premiers ministres en Grande-Bretagne ou encore l'instabilité politique permanente en Italie. "On peut déplorer la situation en France, mais elle est pire ailleurs", résume Bijan Eghbal de l'Amcham.

Thomas Sasportas