Fret maritime: comment la pénurie de conteneurs va peser sur la croissance mondiale

Les entreprises importatrices s'arrachent les cheveux. Faire venir des produits de Chine devient de plus en plus compliqué. La raison, une pénurie globale de conteneurs qui pèsent sur les échanges et donc sur l'économie mondiale.
Selon une étude d'Euler Hermes, cette situation s'explique par deux facteurs: "la demande européenne et américaine de marchandises chinoises a fortement cru dernièrement. Une tendance qui résulte de la reprise plus rapide que prévu de l’activité et de la production en Chine en comparaison des autres pays. Toutefois, il n’y a actuellement pas assez de conteneurs disponibles en Chine pour acheminer ces marchandises vers le reste du monde", explique Françoise Huang, économiste Asie chez Euler Hermes.
Effet domino
"En effet, de nombreux conteneurs sont restés bloqués dans d’autres pays à cause des restrictions sanitaires appliquées pour lutter contre l’épidémie Covid-19. D’où cette situation de tension sur le marché du fret maritime", poursuit-elle.
Les conséquences de cette pénurie ont un effet domino. Pour les entreprises d'abord qui voient le coût du fret maritime flamber (+150% sur un an au dernier trimestre 2020) et les délais de livraison s'allonger. Soit deux facteurs néfastes pour leurs marges.

Ainsi, selon l'étude, le prix des importations en provenance de Chine devrait croître de +6% sur un an d’ici fin avril 2021 pour les entreprises européennes, et de +2% d’ici fin juillet pour les entreprises américaines. De quoi coûter entre -4,5 et -7 points de marges aux entreprises de zone euro au premier semestre de cette année.
"Les entreprises allemandes seraient particulièrement affectées, avec une perte de marge opérationnelle qui pourrait atteindre -36 milliards d'euros au au premier semestre. Les entreprises françaises ne seront pas épargnées, avec un impact qui pourrait atteindre -23 milliards d'euros sur la même période, peut-on lire.
Pour la croissance mondiale ensuite. "Cette pénurie, "couplée à d’autres facteurs (réorganisation des chaines de valeur, interruptions de la production, renforcement des restrictions sanitaires) pourrait coûter -1,2 point de croissance au PIB de la zone euro en 2021, et -0,7 point de croissance au PIB des USA, ajoute Ana Boata, Directrice des recherches macroéconomiques d’Euler Hermes.