Fermeture à 23 heures: une mesure "injuste et contre-productive" pour les restaurateurs marseillais

Un homme portant un masque de protection passe à côté de la terrasse d'un café sur le Vieux Port, le 2 juin 2020 à Marseille. - Christophe SIMON © 2019 AFP
"C'est un deuxième confinement économique." Samia Ghali, la deuxième adjointe de la mairie de Marseille critiquait vivement ce mardi sur BFMTV la décision de la préfecture de contraindre les restaurants à fermer à 23 heures. Selon l'élue des quartiers nord, il va falloir les accompagner "pour qu'ils ne meurent pas demain".
"On se sent stigmatisés"
Une décision qui passe aussi très mal du côté des établissements concernés.
"On se sent stigmatisés, on a l'impression que ce sont les restaurateurs et cafetiers qui sont à l'origine de ce qui se passe alors que dans Marseille les seules personnes qui subissent la fermeture c'est nous", affirme sur BFMTV Bernard Marty, le président du sindicat de l'hôtellerie UMIH Paca et Corse.
Depuis quelques semaines, le taux d'incidence (nombre de personnes infectées pour 100.000 habitants) connaît dans les Bouches-du-Rhône et particulièrement à Marseille un regain auquel les autorités veulent mettre fin. Alors qu'il est de 33 en moyenne en France, il est de 133 dans le département du 13 et grimpe à 177 à Marseille, soit bien au-dessus du seuil d'alerte qui a été fixé à 50. D'où la décision du gouvernement d'imposer ce "couvre-feu" ainsi que le masque sur l'ensemble de la commune.
"On aurait préféré 00h30"
Si les restaurateurs et les cafetiers se disent conscients du problème, ils auraient souhaité une fermeture imposée plus tardive, vers 00h30. "Dans un service qui commence à 21 heures, cela vous oblige à mettre les clients dehors deux heures plus tard, ça peut aller très vite", déplore Bernard Marty qui reconnaît toutefois que ça aurait pu être pire pour eux si le gouvernement avait opté pour une fermeture totale en soirée.
S'ils trouvent la mesure contraignante et stigmatisante, restaurateurs et élus la jugent surtout contre-productive. "Les jeunes continueront à se retrouver dans des lieux privés, c'est de l'hypocrisie totale", s'agace Samia Ghali.
Les restaurateurs estiment que ce n'est pas dans leurs établissements que le virus se transmet le plus. "On respecte les gestes barrière depuis le début, on est masqué, il y en a peut-être certains qui ne respectent pas mais c'est très minoritaire, assure Bernard Marty. Et dans le même temps les plages sont ouvertes toute la nuit et sur le Vieux Port se développe un marché sauvage."
Du côté de la mairie, on reconnait que des attroupements ont bien lieu en ville, mais on plaide la liverté de chacun. C'est ce qu'a affirmé la nouvelle maire Michèle Rubirola lors d'une visite de quartier.
"On est encore en période estivale, il fait encore très chaud, il y a des gens qui sont dans des appartements petits, voire insalubres. On ne va pas leur demander de ne pas se réunir."
