Etats-Unis: face à la demande pour les pilules "du lendemain", les vendeurs rationnent les ventes

CVS, Walmart ou encore Amazon ont décidé d'imposer des quantités maximales aux produits contraceptifs d'urgence pouvant être achetés sur leur sites respectifs.

L'onde de choc provoquée par la révocation de la décision Roe v. Wade par la Cour Suprême américaine, ouvrant la voie à une interdiction de l'avortement dans plusieurs Etats, se propage dans les rayons. Aux Etats-Unis, les revendeurs de produits contraceptifs ont dû pour certains imposer des quotas sur le nombre de pilules pouvant être achetées en ligne, face à une demande en forte hausse ces derniers jours.

CVS, principal réseau de pharmacies et important e-commercant de médicaments, a été le premier à dégainer, limitant les achats possibles de Plan B et d'Aftera, deux pilules disponibles en ligne pour quelques 40 et 50 dollars respectivement, dès la fin de la semaine dernière.

D'autres acteurs lui ont emboité le pas, à l'image de Walmart: le réseau de supermarchés a indiqué à la presse que beaucoup de produits avaient des limitations qui s'activaient "en cas de demande fluctuante" pour permettre de limiter les achats de masse sur des produits critiques.

Signe de l'instabilité du marché, si CVS levait hier soir son dispositif, estimant que la situation était revenue à la normale, Amazon décidait une heure plus tôt de mettre à son tour en place un plafond de trois unités disponibles par semaine pour chaque acheteur. Le distributeur Rite Aid a décidé d'une limite identique.

Disponibles sans prescription

Ces pilules d'urgence sont disponibles à l'achat, en ligne comme en magasin, à l'inverse de dispositifs plus lourds. Les traitements médicamentaux permettant de provoquer un avortement demeurent pour leur part réservés aux personnes ayant consulté et reçu une prescription médicale - ils sont aussi plus chers, autour de 750 dollars.

La demande a donc fortement augmenté depuis l'annonce de la révocation de la décision Roe v. Wade. Sur Amazon, avant la décision de la Cour Suprême le 24 juin, qui devrait rendre illégal l'avortement dans la moitié des Etats américains, les pilules du lendemain ne faisaient pas partie des produits les plus recherchés, arrivant après la 10000e position. Depuis, ce produit s'est glissé par les 100 items les plus recherchés.

Conséquence directe : si les prix de ces pilules d'urgence varient en temps normal de 10 à 50 dollars environ, les modèles les moins chers sont sous tension, et ne restent disponibles que les pilules les plus onéreuses.

Les firmes pharmaceutiques ont en tout cas compris leur intérêt: comme le relève le Wall Street Journal, elles développent déjà de nouvelles stratégies marketing autour des pilules du lendemain, en insistant sur les modalités de contrôle de la natalité offertes par leurs produits, face aux nouveaux risques posés par l'interdiction de l'IVG.

Valentin Grille