Une marque pour deux entreprises: Technis attaque la SNCF pour parasitage

Fret SNCF est remplacé par Hexafret pour le transport de marchandises et Technis pour la maintenance des locomotives. - Raymond Roig-AFP
Wiktor Bourée, PDG de Technis, perd patience. Son entreprise annonce qu'elle intente une action contre le Groupe SNCF pour "parasitage de dénomination sociale".
Rappel des faits. En novembre dernier, le Groupe SNCF annonce que suite au plan de discontinuité imposé par la Commission européenne, Fret SNCF va disparaître au 1er janvier prochain pour renaître sous la forme de deux sociétés distinctes: Hexafret pour le transport de marchandises et Technis pour la maintenance des locomotives.
Petit problème, non seulement cette marque existe déjà et est déposée au niveau international en 2016 et en France depuis août 2022, mais en plus, ce Technis fournit des solutions... à la SNCF.
Technis est une entreprise fondée il y a huit ans en Suisse, sa filiale française est créée en 2018. Elle propose des solutions technologiques pour la digitalisation des espaces physiques et la gestion des flux, notamment pour les Jeux olympiques de Paris l'été dernier.
Pour la SNCF, elle fournit des solutions de taux d'occupation pour mieux dimensionner ses bureaux ou pour la gestion des flux de personnes dans ses gares.
"Au-dessus des lois"
Evidemment, l'entreprise cherche rapidement à échanger avec la compagnie ferroviaire. "La SNCF nous répond assez rapidement, on a des discussions, mais au bout d'un mois, il n'y pas le début d'une solution, rien d'acceptable ou de concret alors qu'ils savent bien qu'il y a un problème et ils nous connaissent!", explique le PDG à BFM Business.
Face à cette inertie, Technis décide donc de sortir l'arme juridique après avoir mis en demeure la SNCF.
"Face à ce manque de prise en considération sérieuse de ses inquiétudes légitimes (et cette volonté de s’approprier une dénomination commerciale porteuse), Technis a décidé de porter cette affaire devant la justice en France et en Suisse", peut-on lire dans un communiqué.
"Il est tout de même navrant de constater que certains groupes se croient au-dessus des lois et pensent qu’en faisant durer, ils obtiendront tout ce qu’ils veulent. En l’occurrence cela fait plus de huit ans que je travaille d’arrache-pied avec une équipe ultra motivée pour faire de Technis un nom qui compte, il est donc hors de question que je laisse tomber et il est inacceptable que le Groupe SNCF s’approprie ce qui nous appartient. Technis contre Goliath démarre donc maintenant", indique Wiktor Bourée.
Préjudice
Car pour lui, le préjudice est important. "Les dommages se font déjà sentir: notre référencement sur Google est en baisse et quand on veut communiquer il n'y a plus de retombées. On passe notre temps à se justifier auprès de nos clients, on est associé à du bruit négatif lié à l'actualité de Fret SNCF. Un député suisse m'a même interpellé sur cette question. L'impact est déjà là et il sera pire dans les prochains mois" quand le Technis de la SNCF sera opérationnel, regrette-t-il.
"À ce stade, des échanges sont en cours entre notre conseil et celui de cette société et nous ne pouvons malheureusement pas en dire plus", nous indiquait en décembre dernier un porte-parole de Fret SNCF.