Tunnel sous la Manche: bientôt des nouvelles liaisons, l'Allemagne et la Suisse dans le viseur

En mai prochain, cela fera 30 ans que "l'Angleterre n'est plus une île". C'est le 6 mai 1994 que la reine Elizabeth II et le président François Mitterrand avaient embarqué ensemble à bord d'un train à Coquelles, dans le Pas-de-Calais, pour rejoindre l'Angleterre par voie terrestre.
Trois décennies plus tard, alors que le tunnel sous la Manche assure 25% des flux commerciaux entre le Royaume-Uni et l'Europe continentale et accueille 10 millions de voyageurs par an, la société Getlink, propriétaire à 100% de la filiale Eurotunnel, annonce un développement majeur de l'infrastucture de transport.
Le trafic dans le tunnel va fortement augmenter dans les années à venir. Le nombre de liaisons, qui est actuellement de trois au départ de Londres (Paris, Amsterdam et Bruxelles), va doubler d'ici six ans. Ce sont désormais l'Allemagne et la Suisse qui devraient, dans les années à venir, être reliées au Royaume-Uni par le train. "Eurostar a déclaré vouloir augmenter de 50% son trafic entre 2019 et 2030, explique Yann Leriche, le directeur général de Getlink au micro de BFM Business. Il y a un fort potentiel sur l'axe Angleterre-Allemagne et sur l'axe Angleterre-Suisse."
"C'est là qu'on s'attend à voir les prochaines villes qui s'ouvrent: je pense à Francfort, Cologne, Zurich et d'autres villes en Suisse qui vont générer un potentiel d'au moins 2 millions de nouveaux passagers."
Discussion avec plusieurs opérateurs, dont Virgin
Pour parvenir à cette hausse conséquente de l'offre, la société Getlink va réduire très fortement le "time to market" des opérateurs, à savoir le temps nécessaire pour une compagnie ferroviaire pour lancer un nouveau service. Ce délai, qui était auparavant de dix ans, va passer à cinq ans. Une simplification permise grâce à l'identification des destinations et des études de marché préalables, une standardisation des normes du tunnel, une intégration de ces normes avec les fabricants de matériel roulant et la préparation des liaisons avec les gestionnaires de réseaux.
La société Eurotunnel va, de plus, renforcer son programme Etica (soutien financier aux opérateurs) avec une enveloppe de 50 millions d'euros d’aides prévisionnelles. De quoi inciter des compagnies à lancer de nouvelles liaisons.
"On a eu des marques d'intérêt de deux opérateurs privés: Evolyn, d'origine espagnole, et Heuro, d'origine néerlandaise, et nous avons des discussions avec d'autres opérateurs", assure Yann Leriche.
Actuellement, seule la société Eurostar, filiale de la SNCF, fait circuler ses trains à grande vitesse sous la Manche. Mais de nombreux opérateurs lorgnent depuis quelque temps ce mode de transports à l'heure des objectifs de réduction des émissions. Comme le milliardaire Richard Branson qui a approché Getlink, selon la presse britannique, pour faire rouler ses Virgin Trains entre l'Angleterre et le continent.
Selon la direction, le tunnel sous la Manche est encore très loin d'être saturé et de nombreuses nouvelles liaisons pourront être lancées à l'avenir.
"Le potentiel du tunnel est encore énorme, on peut rajouter beaucoup de trains entre Londres et de grandes villes européennes, explique le patron de Getlink. On peut le faire en un temps beaucoup plus court: il fallait dix ans maintenant c'est cinq ans donc évidemment ça rend le lancement de ces lignes plus attractif pour de nouveaux entrants."
Le tunnel qui transporte 10 millions de passagers est dimensionné pour en accueillir deux fois plus.