Trains à grande vitesse: que va proposer Alstom au Maroc?

C'est encore un gros contrat dans le ferroviaire qui se profile pour Alstom. Lors de la visite d'Etat d'Emmanuel Macron à Rabat au Maroc cette semaine, des contrats et accords d'investissement dont le montant global atteindra "jusqu'à dix milliards d'euros", ont été signés.
On a ainsi appris que l'industriel français a été choisi pour fournir des trains à grande vitesse à l'ONCF, l'Office national des chemins de fer marocains.
Aucun détail n'a néanmoins filtré. Et pour cause, le contrat final n'a pas encore été signé.
Alstom a été sélectionné comme "soumissionnaire privilégié" suite à un appel d'offres. Les autres industriels qui ont été écartés ont en effet la possibilité de contester le choix du royaume. Une fois le délai légal passé, Alstom et l'ONCF pourront officiellement signer le contrat, il s'agira alors d'une commande ferme.
Entre 750 millions et 1 milliard d'euros
"Alstom est ravi d'avoir été sélectionné comme soumissionnaire privilégié par l'ONCF pour l'appel d'offres concernant les trains à grande vitesse. Étant donné que le processus d'appel d'offres est toujours en cours, nous ne pouvons fournir davantage de commentaires pour le moment", nous confirme l'industriel.
Selon nos informations, le futur contrat porte sur la fourniture de 18 rames à grande vitesse de la famille Avelia Horizon, la même plateforme que le TGV M de la SNCF qui arrivera (si tout va bien) l'an prochain sur la ligne vers le sud-est.

"La nouvelle génération de trains Avelia Horizon présente un "coût de cycle de vie par siège" le plus compétitif du marché actuel et améliore significativement l'expérience des passagers", se félicite l'industriel.
Le montant de l'investissement pour l'ONCF serait compris entre 750 millions et un milliard d'euros en fonction d'options qui restent à décider, notamment pour la maintenance, selon nos informations. Mais une partie de cette somme pourrait être avancée par la France à travers la déclaration d'intention sur des "facilités de financement" pour le ferroviaire qui a également été signée entre les deux pays.
On rappellera que la France a financièrement participé à hauteur de 51% à la construction de la première ligne à grande vitesse du pays (inaugurée en 2018 pour un coût de 2 milliards d'euros) qui va de Tanger à Casablanca au moyen de différents prêts.
Livraison espérée en 2030
Ces rames à deux niveaux rouleront sur le tronçon à grande vitesse entre Tanger-Marrakech qui est le prolongement de la ligne Tanger-Casablanca, prolongement acté début 2022 et qui a donc donné lieu à différents appels d'offre.
Toujours selon nos informations, l'objectif du royaume chérifien est de recevoir ces rames en 2030 lors de la Coupe du monde de football pour laquelle le pays est co-organisateur. Un objectif ambitieux compte tenu des multiples retards de production et de livraison que subi Alstom en ce moment même si la plateforme Avelia Horizon permet d'adapter assez facilement les rames aux demandes des clients.
Selon une source de l’ONCF citée par le site marocain en français Hespress, "c’est ce modèle à deux étages qui a fait pencher la balance en faveur d’Alstom dans cet appel d’offres, étant donné que les modèles proposés par les constructeurs CAF, Talgo et Hyundai Rotem, sont des trains à un seul niveau".
La Chine a également été en embuscade pour ce projet à travers le groupe public chinois Zhong Neng Xuan Zong Industrial qui a déjà manifesté son intérêt pour participer à la construction de la LGV Marrakech-Agadir.
Mais les liens diplomatiques réchauffés entre la France et le Maroc mais surtout l'ancienneté de la présence d'Alstom dans le pays ont aussi fait la différence. L'industriel français est en effet actif dans le pays depuis près d'un siècle, y dispose de deux usines et y fait travailler 1.200 personnes. Outre des trains et des locomotives, le groupe a fourni au pays des systèmes de signalisation ou encore 240 tramways pour Rabat et Casablanca.