BFM Business
Transports

Train: un 4e acteur pour la ligne Madrid-Barcelone et des tarifs qui continuent à fondre

placeholder video
Depuis l'arrivée de la concurrence sur cet axe, les prix ont chuté de 49% tandis que l'usage du train a bondi.

Si la concurrence ferroviaire en France est encore très timide, en Espagne, elle bat son plein. Dans un pays où la voiture a longtemps régné en maître, l'arrivée de nouveaux acteurs a profondément dynamisé le marché.

De quoi attirer toujours plus d'opérateurs. Ainsi, sur la ligne Madrid-Barcelone, un 4e acteur va se lancer le 25 novembre. Il s'agit d'Iryo une nouvelle marque qui associe la compagnie aérienne espagnole Air Nostrum et l'opérateur italien Trenitalia, également présent en France sur l'axe à grande vitesse Paris-Lyon-Milan.

Les passagers voyageront à bord de rames ETR 1000 du français Alstom, les "plus rapides, modernes et écologiques d’Europe" selon la compagnie.

+37% pour le trafic TGV en Espagne

Et ce nouvel acteur ne s'arrêtera pas seulement à la ville catalane puisqu'il devrait lancer Madrid-Cuenca Valencia le 16 décembre, puis Séville-Málaga-Córdoba au premier trimestre 2023 et Alicante-Albacete pour l’été suivant.

Iryo roulera donc aux côtés des TGV classiques de la Renfe (la SNCF locale), des TGV low-cost Avlo (également opérés par la Renfe) et des TGV low cost de la SNCF (Ouigo).

L'ouverture du marché espagnol du fer est presque un cas d'école. Elle a permis d'augmenter le trafic ferroviaire de 13,7% en un an, et de 37% pour les seules lignes TGV qui à l'époque du monopole de la Renfe étaient principalement utilisées pour du voyage d'affaires compte tenu de prix élevés.

Les tarifs ont d'ailleurs dans le même temps fondu de 49% sur la ligne Madrid-Barcelone, notamment sous l'impulsion de Ouigo de la SNCF qui connaît un très grand succès de l'autre côté des Pyrénées.

En mai dernier, un an après son lancement, Ouigo Espagne revendiquait 2 millions de voyageurs et un taux de remplissage moyen supérieur à 97%. Et ce grâce à une politique tarifaire très agressive: à partir de 9 euros sur 87% des trains.

Avec cette stratégie validée, la SNCF poursuit son développement en Espagne avec l’ouverture de la ligne Madrid-Valence puis de la ligne Madrid-Albacete-Alicante. Ensuite, Ouigo Espagne arrivera en Andalousie.

En France, les effets de la concurrence sont un peu moins palpables. Parce que les prix historiques ont toujours été plus bas qu'en Espagne et parce qu'on compte un seul concurrent de la SNCF sur une ligne à grande vitesse nationale.

Un seul concurrent à la SNCF en France

Néanmoins, une étude Trainline constate une augmentation moyenne totale des ventes de billets de 58% sur la ligne Paris-Lyon, "montrant que tout le monde est gagnant dans un marché concurrentiel".

Côté tarifs, la plateforme d'achats de billets souligne que le prix moyen d’un trajet Paris-Lyon, tous trains confondus (TGV, OUIGO, Frecciarossa/Trenitalia) est passé de 45 euros en moyenne à 42 euros depuis l'ouverture à la concurrence, soit une baisse d’environ 7%.

Mais alors que le train s'impose de plus en plus dans l'esprit des consommateurs comme un moyen de transport écologique, le manque de concurrence en France risque à terme d'être pénalisant.

"L'ouverture a été une réalité dans certains pays il y a 30 ans, dans les années 1990. [...] On est parmi les derniers à ouvrir. On est plutôt à la traîne", déplore ainsi Bernard Roman, le président de l'Autorité de régulation des transports (ART).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business