TER Marseille-Nice: Trandev va devoir louer 12 trains issus d'autres régions, des pénalités pour Alstom

Les nouveaux trains TER qui circuleront entre Marseille et Nice en 2025 - Alstom/Samuel Dote
Le grand départ de Transdev dans le rail français apparaît bien compliqué. Pour la première fois, un concurrent de SNCF Voyageurs va faire circuler en juin prochain des trains en région, en l'occurrence sur la ligne TER entre Marseille et Nice.
Mais rien ne se passe vraiment comme prévu. Transdev a promis de doubler le nombre d'allers-retours quotidiens sur la ligne avec un taux de régularité de 97%, notamment grâce à 16 rames neuves Omneo Premium, commandées à Alstom pour 250 millions d'euros. Rames qui devaient être toutes opérationnelles dès le début du contrat, les trains actuels, trop anciens, n'étant pas transférés au nouvel opérateur.
Mais comme dans plusieurs contrats, Alstom subit des retards de production. La Région Sud confirme à BFM Business qu'Alstom ne pourra livrer que 8 des 16 rames Omneo Premium promises.
"La réalité a rattrapé et dépassé la fiction"
La région doit donc se tourner vers la location de rames pour tenir sa promesse de fréquence. Selon nos informations, huit rames Régiolis seront louées à la région Grand Est, trois à la région Auvergne-Rhône-Alpes et une à la région Centre Val de Loire. Une situation qui ulcère les syndicats de la SNCF et notamment Sud Rail.
"Le moins que l’on puisse dire c’est que la réalité a rattrapé et dépassé la fiction. La Direction TER Grand Est s’est laissé imposé un prêt de de matériel par la région administrative Grand Est. Il y aura d’autres régions mises à contribution sur le territoire national pour sauver l’image d’un concurrent de la SNCF qui a répondu à un appel d’offre", s'emporte l'organisation.
Certaines des régions concernées par ces locations soulignent que les rames en question sont inutilisées "compte tenu de la saturation des ateliers de maintenance existants".
Transdev paiera la facture des locations
"C’est bien les citoyens de la région Grand Est qui ont payé ces rames avec leurs impôts. Ces usagers nous rappellent régulièrement qu’ils voyagent dans des conditions totalement insatisfaisantes et en particulier aux heures de pointes ou très régulièrement les rames sont ultra pleines pour ne pas dires pleines à craquer. Il apparaît alors clairement qu’utiliser les rames disponibles lors de ces périodes pour former des unités multiples et ainsi faire voyager nos usagers dans des conditions correctes serait plus judicieux que de prêter ces rames à un concurrent pour faire du business et tenter de sauver les apparences pour Transdev", estime au contraire Sud Rail.
Ce faux départ agace à la Région Sud qui nous indique qu'Alstom "devra payer des pénalités de retard à Transdev". "En parallèle, Transdev paiera le coût des locations à la SNCF", nous explique-t-elle. Le montant n'a pas été communiqué.
Et les rames ne sont pas le seul problème. Il manque encore des conducteurs et les formations de ceux qui ont été embauchés est rendue difficile par le retard des trains neufs d'Alstom. D'autant plus que ces conducteurs devront être capables également de faire rouler les trains prêtés par les autres régions qui sont des modèles hétérogènes (Régiolis, Régio2N) et différents des Omneo Premium.
Bref, le grand départ en juin sera observé de près car le moindre grain de sable risque de gâcher la fête. Surtout que le lancement débutera en pleine période estivale.