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TER Marseille-Nice: pour se lancer à temps, Transdev va louer des trains à d'autres régions

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Transdev qui va remplacer SNCF Voyageurs sur cette ligne régionale en juin 2025 avait commandé 16 rames neuves à Alstom mais n'en aura qu'au minimum sept au moment du lancement.

La pression monte du côté de Transdev, l'opérateur choisi par la Région Sud pour remplacer la SNCF sur la très fréquentée ligne régionale entre Marseille et Nice.

Rappelons qu'il s'agit de la ligne régionale qui connaît le plus de difficultés en France avec un taux de ponctualité de 84,7%, le plus faible de tous les réseaux TER. C'est la première fois qu'un concurrent de SNCF Voyageurs va opérer, et ce à partir du 29 juin prochain.

Transdev a promis de doubler le nombre d'allers-retours quotidiens sur la ligne avec un taux de régularité de 97% notamment grâce à 16 rames neuves Omneo Premium commandées à Alstom pour 250 millions d'euros. Rames qui devaient être toutes opérationnelles dès le début du contrat, les trains actuels, trop anciens, ne seront pas transférés au nouvel opérateur.

Mais comme dans plusieurs contrats, Alstom subit des retards de production et indique ce mardi que "la projection de livraison des rames Omneo Premium pour la région Sud a été revue à 7 rames minimum pour fin juin 2025. Ceci n’est qu’une projection (établie à 8 mois de l’échéance critique pour le lancement de l’exploitation commerciale) et nous travaillons sans relâche pour augmenter le nombre de rames qui seront réellement livrées fin juin 2025".

Les nouveaux trains TER qui circuleront entre Marseille et Nice en 2025
Les nouveaux trains TER qui circuleront entre Marseille et Nice en 2025 © Alstom

Pénalités

De quoi provoquer la colère de Transdev mais surtout de la Région qui agite la menace de lourdes pénalités contre Alstom "allant de 10.000 à 100.000 euros par jour, selon le pourcentage de réalisation du contrat signé".

Alors que le lancement commercial approche à grands pas, d'autant plus en plein été soit la période la plus fréquentée sur cette ligne, chacun cherche une solution alternative.

Selon Fabien Villedieu, délégué général de Sud-Rail, Transdev va récupérer des trains opérés par d'autres régions afin d'avoir ses 16 rames en juin prochain.

Dans un tweet, le syndicaliste explique que pour "aider Transdev, les regions vont aller puiser dans le matériel de la SNCF. Un vrai scandale. Ce matériel prêté fera supprimer des trains à la SNCF".

Il ajoute: "je parle de matériel d'autres régions, comme AURA (l'offre TER en Auvergne-Rhône-Alpes, NDLR) que la SNCF est obligé de se séparer pour aider son concurrent Transdev à ne pas sombrer en juin".

Rappelons que les régions sont propriétaires du matériel roulant, elles peuvent donc en théorie, prêter ou transférer des rames au titre de la solidarité. Mais au vu de la fréquentation en hausse des TER en France, il n'y pas vraiment de marge, estime Fabien Villedieu.

Qui va payer?

"Aucune région est en surplus de matériel. Cela veut dire qu'en prêtant son matériel (ce sont) des trains SNCF qui seront potentiellement supprimés afin de faire circuler des trains Transdev. Comme pour TGV encore des cadeaux pour les concurrents", s'agace-t-il.

Interrogé, Transdev confirme cette solution transitoire et souligne que ces rames ne manqueront pas aux régions.

"En France, les rames de TER sont financées à 100% par les régions, qui en sont ou en deviennent propriétaires. Ce ne sont pas des rames SNCF. Les régions se louent déjà des rames entre elles, régulièrement, et les locations se font avec du matériel qui n'est pas utilisé", nous indique un porte-parole.

Reste à savoir qui paiera la facture. On peut imaginer qu'Alstom soit mis à contribution, c'est d'ailleurs un scénario qu'on a observé en Allemagne avec des trains régionaux à hydrogène immobilisés.

Contacté, l'industriel répète avoir subi "les conséquences de plusieurs crises sans précédent: Covid-19, crise des composants électroniques notamment mais également la tempête Boris au cours de laquelle des pluies diluviennes ont frappé l’Europe centrale au mois de septembre".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business