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Plombée par une dette colossale, Air Sénégal est obligée de rendre des avions qu'elle ne peut plus payer

Un avion d'Air Sénégal

Un avion d'Air Sénégal - Air Sénégal

La compagnie aérienne n'en finit pas de sombrer malgré divers plans de relance. Elle doit notamment rendre des avions dont elle est incapable de payer le loyer.

Nouveau coup dur pour Air Sénégal. La situation financière catastrophique de la compagnie aérienne du pays d'Afrique de l'Ouest et des litiges financiers et juridiques avec ses partenaires loueur d'avions, la force aujourd'hui à rendre quatre de ses appareils à Carlyle Aviation à qui elle les louait.

L'opérateur est incapable de payer les loyers mensuels pour ses Airbus A321. Conséquence, de nombreux vols ont été annulés depuis le 24 juin dernier.

Dans le cadre du conflit avec l'américain Carlyle, l’Association du transport aérien international (IATA) a également décider de mettre au séquestre 2 milliards de francs CFA (30 millions d’euros) en attendant que la compagnie règle sa facture auprès du bailleur.

Une décision contestée par Air Sénégal qui estime que la IATA "outrepasse ses prérogatives dans un litige commercial qui ne devrait pas la concerner directement".

Deux autres loueurs, Sasof III Aviation Ireland DAC et Aergen Aircraft Twenty Limited, ont également récemment saisi le tribunal de commerce de Dakar pour réclamer des comptes à Air Sénégal pour paiements non honorés.

Des financements publics à fonds perdus

Air Sénégal ne parvient pas à reprendre de l'altitude, lesté par une dette estimée à 105/230 millions d'euros, malgré une injection de fonds publics de 275 millions et une suite quasi ininterrompue de plans de relances et de changements de noms.

Tout commence en 2009 quand Air Sénégal International, propriété du Sénégal et du Maroc fait faillite et est remplacée par Sénégal Airlines qui fait également faillite en 2016. Une nouvelle compagnie est créée en 2018, Air Sénégal.

L’objectif de cette nouvelle compagnie nationale, financée par l'Etat, était de s’imposer comme un acteur de poids dans l’espace régional, en misant sur des avions modernes et une flotte élargie.

Mais là encore, les difficultés financières se multiplient très vite, dues notamment à une mauvaise gestion et une stratégie opérationnelle hasardeuse avec notamment des avions cloués au sol. En septembre dernier, les lignes depuis Dakar vers Marseille et Lyon, New York, Milan, Barcelone, Libreville au Gabon et Douala au Cameroun sont supprimées pour tenter d'atteindre la rentabilité.

En avril dernier, le gouvernement tente un nouveau plan de relance avec la suppression de certaines lignes, notamment vers l’Afrique centrale. Sans parvenir à redresser la barre.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business