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Paris-Marseille, retour de Milan: Trenitalia affiche ses nouvelles ambitions, la SNCF prépare la contre-attaque

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Trois ans après son arrivée en France, la compagnie ferroviaire italienne annonce de nouvelles destinations et revendique près de trois millions de clients transportés dans ses "flèches rouges".

Trois ans après son arrivée sur le marché français, le premier concurrent de la SNCF sur la grande vitesse nationale affiche sa satisfaction "avec près de trois millions de voyageurs" transportés et une croissance de 40% par an du nombre de passagers sur la liaison Paris-Lyon. "Nos choix ont été validés", se félicite Mario Caposcuitti, président France de Trenitalia.

Alors que la concurrence dans le rail peine encore à émerger en France, l'opérateur italien entend accélérer en 2025 afin de développer ses positions et doubler le nombre de ses clients.

Sur Paris-Lyon, la compagnie va désormais pouvoir accoupler des rames et donc offrir deux fois plus de sièges, soit 914 pour ses cinq allers-retours quotidiens (contre plus de 20 pour le TGV de SNCF Voyageurs).

Mais c'est surtout le retour de Milan qui est salué. Suite à l'éboulement dans la vallée de Maurienne en août 2023, la liaison avait été coupée, freinant considérablement la dynamique française de Trenitalia. Sur ce trajet, Trenitalia bénéficiait en effet d'un remplissage de ses trains supérieurs à 80% contre 60% pour Lyon.

"859.000 de nos clients ont été touchés, il a fallu se réorganiser mais on est enfin prêts à repartir après les travaux réalisés", indique Fabrice Toledano, directeur marketing.

Le Paris-Lyon-Milan reprendra donc du service le 1er avril prochain avec deux aller-retours par jour pour un temps de trajet de 6h30 à 7 heures avec deux nouveaux arrêts desservis: Saint-Jean de la Maurienne et Oulx. Les ventes sont ouvertes à partir de ce mardi.

SNCF Voyageurs repartira de son côté le 31 mars avec trois allers-retours quotidiens.

Quatre allers-retours quotidiens vers Marseille

Mais le mouvement le plus important pour Trenitalia France est la liaison Paris-Lyon-Marseille, une des plus fréquentées de France et des plus stratégiques pour SNCF Voyageurs.

"Il s'agit d'un axe stratégique pour Trenitalia pour assurer plus de fréquence et optimiser nos circulations", souligne Fabrice Toledano.

Les flèches rouges desserviront Lyon-Saint Exupéry, Avignon, Aix-en-Provence et donc Marseille en 3h20 à partir du 15 juin prochain à raison de quatre allers-retours par jour répartis tout au long de la journée: 05h55, 11h15, 14h26, 19h04 (au départ de Paris). Les ventes seront ouvertes à la mi-mars.

Pour contrer la SNCF, Trenitalia mise encore et toujours sur sa gamme de prix "simple et flexible avec la même stratégie que pour Lyon et Milan" mais ne donne pas de détails supplémentaires même si on imagine qu'ils seront agressifs face au TGV de la SNCF.

En parallèle, afin d'augmenter sa notoriété en France, Trenitalia entend beaucoup communiquer, recrute 50 personnes et lance également une offre de parrainage qui permet au parain et au filleuil d'obtenir des rabais de 10% sur les billets.

Tarifs et confort pour se démarquer des TGV de la SNCF

Cette nouvelle offensive ne laisse pas SNCF Voyageurs indifférent, consciente que "95% des lignes rentables seront en concurrence en 2030".

"On se prépare", indique ainsi Alain Krakovitch, directeur TGV-Intercités. Outre une offre renforcée en sièges, notamment avec les prochains TGV M, et la montée en puissance de Ouigo, la compagnie veut jouer la carte du service.

Si Trenitalia cherche à se démarquer avec le confort proposé: trois classes (Standard, Business, Executive), salle de réunion, restauration au siège... SNCF Voyageurs entend monter en gamme avec Inoui First.

Peu de détails ont filtré mais il s'agit "de faire progresser le service en fonction des attentes des voyageurs, notamment sur le confort, la personnalisation ou encore la politique d'indemnisation où on veut être le plus performant", indique le dirigeant.

La première étape de cette grande bataille ferroviaire s'observera cet été. Trenitalia tirera-t-elle son épingle du jeu face aux TGV de la SNCF accusés d'être trop chers en période pointe? D'autant plus que le TGV M ne sera toujours pas là...

Le long chemin vers la rentabilité

Trenitalia France ne donne pas de chiffre mais confirme à demi-mots être toujours dans le rouge "compte tenu des investissements importants à consentir pour un lancement et de l'arrêt de la desserte vers Milan qui a retardé notre dynamique", explique Mario Caposcuitti, président France de Trenitalia.

Le groupe espère néanmoins atteindre l'équilibre "dans les prochaines années grâce à l'accroissement de l'offre". Mais la route sera longue. Notamment à cause de l'augmentation du prix des péages. Ils sont très élevés pour Paris-Lyon et Paris-Marseille même si l'opérateur bénéficie d'un rabais auprès de SNCF Réseau.

L'accroissement de l'offre passe donc par Marseille mais aussi par d'autres dessertes. "Pour le moment, on se concentre sur ces lancements, on y va étape par étape. Des études sont en cours pour de nouvelles lignes", nous explique le dirigeant. 

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business