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Moins de vols matinaux à Orly: une décision "nécessaire" à cause des abus des compagnies

L'aéroport de Paris-Orly.

L'aéroport de Paris-Orly. - BERTRAND GUAY / AFP

L’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA) met en avant les conséquences néfastes de ces abus pour justifier ce projet de décision.

Emotion dans le secteur aérien français. En début de semaine, il manifestait son inquiétude au sujet d'une possible prochaine réduction des capacités matinales de l'aéroport de Paris-Orly voulue par l'opérateur national de la navigation aérienne (DSNA).

Selon le délégué général de la Fnam (la Fédération nationale de l'aérien et de ses métiers), Laurent Timsit, "la décision n'a pas encore été annoncée officiellement, mais on parle d'une limitation à 20 départs dans la tranche du matin de 6h à 7h, au lieu au minimum de 25".

Rappelons que cette tranche est cruciale pour les compagnies. "C'est une plage stratégique, en particulier pour les compagnies basées à Orly, ça leur permet des départs tôt le matin et de faire un certain nombre de rotations dans la journée", a développé Laurent Timsit.

Trop de vols qui entraînent annulations et retards

Dans un premier temps, la filière a avancé que cette décision était liée à des effectifs insuffisants de contrôleurs aériens.

Mais ce jeudi, lAutorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA) considère dans un communiqué "que la régulation du nombre de départs dans la première heure qui suit la levée d’un couvre-feu (période nocturne pendant laquelle décollages et atterrissages sont interdits, NDLR) ainsi que du nombre d’arrivées dans l’heure qui précède le début d’un couvre-feu est nécessaire".

D'autant plus qu'Orly est de plus en plus attractif pour les compagnies aériennes qui cherchent à se renforcer sur cet aéroport.

"Elle permet d'éviter que les compagnies chargent de manière excessive leurs programmes de rotations journalières durant la saison estivale (5, 6, 7 voire 8 vols par jour) en prenant le risque de reproduire la situation de l'été 2022 qui s'était traduite par 7% d'annulation des vols, une forte dégradation de la ponctualité et une forte augmentation des manquements aux réglès environnementales" assène ce régulateur indépendant.

Pas raisonnable

Il invite les opérateurs "à prendre en considération l'acceptabilité de la programmation des vols sur les territoires impactés. Les territoires aéroportuaires ne peuvent pas être les victimes de la concurrence entre les compagnies".

En clair, les compagnies semblent avoir abusé de ces créneaux ce qui a donné lieu à des dysfonctionnements comme le confirme à BFM Business, Gilles Leblanc, Président de l’ACNUSA.

"La question de la nécessaire régulation des départs de Paris-Orly n’est pas une question d’effectifs des contrôleurs mais une question de capacité. Toutes les compagnies ne peuvent pas prétendre à faire décoller leurs avions à la première heure du matin". 

"Si elles programment tous leurs départs sensiblement à la même heure, elles induiront elles-mêmes de nombreux retards qui se répercuteront sur tous leurs vols de la journée, y compris sur les derniers de leurs rotations en retour sur Paris-Orly" poursuit-il.

"Il n’est pas raisonnable que les compagnies affichent des programmations de vols supérieures à la capacité de production du système.  Les enseignements des dysfonctionnements de l’été 2022 conduisent à éviter une saison estivale 2023 avec autant d’annulations, de retards et de manquements aux règles environnementales", insiste Gilles Leblanc.

Pour rappel, d'autres aéroports français doivent respecter un couvre-feu: Bâle-Mulhouse, Beauvais-Tillé, Paris-Le Bourget et Nantes-Atlantique.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business