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Malgré des retards et des gares peu accueillantes, les "cars Macron" ont transporté 100 millions de personnes en 10 ans

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Le régulateur des transports estime dans un rapport que plus de 100 millions de passagers ont pris les "cars Macron" depuis leur création en 2015.

Les Français ont adopté en masse les cars longues distances depuis la libéralisation de ce marché en 2015. Ceux qu'on appelle les "cars Macron" ont ainsi attiré 100 millions de personnes depuis leur création, selon le dernier rapport annuel du transport par autocar de l'ART, l'Autorité de régulation des Transports.

Rien que l'an passé, 11,1 millions de passagers ont été transportés dans 304.000 cars, soit une hausse annuelle de 14% et de 5% par rapport à 2019.

Le maillage du territoire (1.500 liaisons pour 197 villes desservies), essentiellement par deux acteurs que sont Flixbus et BlaBlaCar, les prix très bas (6 euros par passager pour 100 kilomètres) et la fréquence des cars ont séduit les consommateurs. Mieux, "17% (d'entre-eux) n’auraient pas voyagé si ce mode de transport n’avait pas existé", se félicite le régulateur.

Un bilan donc plutôt satisfaisant même si l'offre est pénalisée par certains facteurs. Il y a d'abord la très faible qualité de service offerte par les gares routières.

Pas de restauration dans la plus grande gare routière de France

Par services, on entend: personnel sur site, information dynamique, billetterie, salle d'attente, sanitaires, distributeur de boissons, restauration, accès wifi ou encore salle de repos pour les conducteurs.

La plus importante, celle de Paris-Bercy avec cinq millions de passagers en 2024 et plus de 500 destinations proposées, n'offre ainsi aucun service de restauration ni d'accès wifi. Elle est même qualifiée de gare routière de la honte.

Ou celle de Lille Europe (6e en trafic) qui n’offre aucun des services cités, et qui "ne propose qu’un simple abribus pour plus de 1 million de passagers annuels", se désole le rapport.

"Le niveau d’équipement reste en-deçà des standards attendus. Or, un déficit de qualité des gares pourrait limiter l’attractivité de ces services pour les usagers et les inciter à renoncer à emprunter les autocars longue distance", peut-on lire.

"La synthèse des travaux du comité de concertation des gares en 2024 a mis en lumière deux axes prioritaires de progrès pour mieux adapter ces infrastructures aux besoins contemporains des usagers: une information véritablement dynamique et l’accès à la billetterie physique".

La gare de Bercy est d'ailleurs si peu accueillante qu'elle doit fermer, mais comme aucune solution de remplacement n'a été à ce jour choisie, elle sera maintenue jusqu'en 2030.

A contrario, la gare de Marseille Saint-Charles est celle qui offre tous les services attendus, tout comme celle de Toulouse, très bien classée grâce à "des investissements significatifs" de la région Occitanie.

Une ponctualité qui se dégrade depuis 2021

Autre point noir de ces cars, la ponctualité. "Avec près d'un quart des circulations en retard en 2024 (plus de 15 minutes), la ponctualité est en nette dégradation" avec +12 points de pourcentage par rapport à 2019, note le rapport.

La majorité (57 %) des retards se situent entre 15 et 30 minutes. Les retards situés entre 30 et 60 minutes comptent pour près de 30% et seulement un petit nombre de retards (3%) dépassent les 2 heures.

"Cela s'explique notamment par les intempéries et le mouvement social des agriculteurs qui ont perturbé la circulation routière et empêché de nombreux trajets en 2024. La ponctualité des autocars n’a ainsi cessé de se dégrader depuis 2021", peut-on lire.

Sur ce point, les cars Macron font moins bien que les trains puisque ce taux de retard est de 10% pour les TGV et de 16% pour les Intercités.

"En plus des retards, les médias ainsi que les associations de consommateurs rapportent souvent des cas de voyageurs qui n'ont pas pu remonter dans le bus après les pauses pendant les trajets. (Cela) engendre, outre les désagréments évidents pour les voyageurs, des répercussions sur l'image qui peuvent réduire l'attrait des autocars", souligne le rapport.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business