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La SNCF augmente ses tarifs de 5%: quels sont les trains concernés?

C'est ce mardi que la SNCF, qui met en avant une augmentation de ses coûts de 13%, va appliquer la hausse de ses tarifs. Si les premiers prix ne seront pas touchés, d'autres risquent de bondir de plus de 5%. Explications.

A partir de ce mardi, prendre le train coûtera plus cher. Comme annoncé en novembre dernier, la SNCF commence à appliquer aujourd'hui une hausse moyenne de 5% de ses tarifs. Une augmentation mal venue pour les clients dans un contexte d'inflation galopante (et de perception de prix déjà élevés à la SNCF) mais qui se veut maîtrisée selon le transporteur.

• Pourquoi cette hausse?

Comme beaucoup d'entreprises, la SNCF subit la double peine de l'inflation: sur ses dépenses énergétiques (l'opérateur est le premier consommateur industriel d'électricité) et sur ses autres postes de dépenses.

Pour 2023, elle a déjà fait ses comptes: "entre l'explosion des prix de l'énergie (+180%) et l'inflation sur les autres postes, nos coûts augmenteront de 13%", expliquait en novembre Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs.

Si SNCF Voyageurs répercutait sur ses prix l’intégralité de l’augmentation de ces coûts, l’augmentation des prix devrait donc être de près de 13%.

• +5% en moyenne, un bouclier tarifaire?

Pressée par le gouvernement de modérer les hausses des prix des billets et effrayée de voir l'attractivité du train s'éroder si les prix augmentent trop (et donc les volumes de ventes), la SNCF a tenté de ménager la chèvre et le chou.

Pour la SNCF, ce +5% permet de "limiter la hausse des prix des billets des TGV". La compagnie supportera le reste de la hausse. "C'est un coût de plusieurs centaines de millions d'euros pour la SNCF" souligne Christophe Fanichet.

Et il est vrai que par rapport à l'aérien qui enchaîne une inflation à deux chiffres depuis plusieurs mois (+19% sur un an en novembre), la hausse décidée par la SNCF peut apparaître comme limitée.

• Quels seront les trains épargnés par la hausse?

Pour la SNCF, l'enjeu est de préserver le remplissage de ses trains (en forte hausse depuis un an) et donc les volumes, source de rentabilité. L'opérateur a donc choisi de ne pas appliquer une hausse globale de ses tarifs, notamment pour ne pas pénaliser les jeunes.

Concrètement, les prix minimums TGV et TGV Ouigo (accessibles dès l'ouverture des réservations pour telle période) n'augmenteront pas assure la SNCF. Rappelons néanmoins que ces offres à prix bas sont généralement peu nombreuses et vite prises d'assaut...

Les grilles de prix Ouigo n'augmenteront pas non plus. Rappelons qu'il s'agit de l'offre low-cost de la SNCF qui représente 1 TGV sur 5. Une offre particulièrement appréciée par les plus jeunes. Il y aura toujours 1 million de billets par mois à moins de 25 euros, assure la SNCF.

Les prix des abonnements Max Jeune et Senior resteront bloqués à 79 euros par mois, tout comme le prix de la carte Avantage à 49 euros par an qui permet d'accéder à des prix bloqués (à partir de 39 euros) selon les destinations et des réductions pour les accompagnants et les enfants.

• Quels seront les trains concernés par la hausse?

Tous les tarifs TGV Inoui (à l'exception des prix minimums donc) sont concernés par une hausse moyenne de 5%. Cela peut représenter quelques euros à une dizaine d'euros par billet selon les trajets.

Néanmoins, dans cette annonce d'une hausse moyenne limitée à 5%, le mot à retenir est "moyenne". Il faut donc bien comprendre qu'il y aura des hausses inférieures mais aussi supérieures en fonction des destinations, des dates et des profils des voyageurs mais aussi parce que les tarifs minimums n'augmenteront pas.

Ainsi, pour les destinations les plus prisées, lors des périodes de grands départs, certains prix afficheront mécaniquement une hausse supérieure à 5%. C'est le principe de l'offre et de la demande appliqué par la SNCF (yield management).

En fait, plus un train est demandé, plus les prix augmentent au fur et à mesure des réservations. Ceux qui réserveront à la dernière minute sur les liaisons les plus prisées paieront donc certainement plus que ces 5% de moyenne dans certains cas.

Cette augmentation moyenne de 5% devrait également s'appliquer aux trains Intercités. Mais la décision relève de l'Etat.

• Les professionnels passent à la caisse

Les professionnels qui sont déjà les principaux contributeurs aux revenus de la SNCF devront également mettre la main à la poche. Les tarifs Business Première ou encore les contrats passés entre l'opérateur et des entreprises augmenteront également en moyenne de 5%.

Pour la SNCF qui cherche à tout prix à faire revenir ces clients, le risque de voir une certaine dynamique se retourner est réel. Les abonnements Max Actifs et Actifs+ augmenteront également de 5%.

• Y-a-t'il d'autres hausses en dehors des billets?

Afin de limiter les conséquences de ces augmentations sur la rentabilité, la SNCF va rendre moins attractives les conditions d'échange et de remboursement des billets.

La gratuité passe de J-3 à J-6 avant le jour du départ et les frais passent de 15 à 19 euros. Les nouvelles conditions seront mises en place début février.

L'idée est de mettre fin à cette tendance qui consisterait, selon l'opérateur, à réserver plusieurs billets à plusieurs dates et de se faire rembourser par la suite, "des trains affichaient complets alors qu'ils ne l'étaient pas", explique Alain Krakovitch.

Cette nouvelle condition permettra à la SNCF d'avoir le temps de remettre les billets annulés ou échangés sur le marché et d'optimiser le remplissage. Un objectif crucial pour ses finances. "L'objectif est de libérer les places suffisamment tôt pour que d'autres clients puissent les racheter", ajoute le responsable.

• Et quid des TER?

Cette hausse limitée à 5% en moyenne ne s'appliquera pas aux TER, les trains du quotidien dont les prix sont fixés par les régions après négociations avec la SNCF.

Certaines régions ont déjà annoncé des hausses substantielles comme en Auvergne-Rhône-Alpes où le conseil régional a voté une augmentation de 8% effective depuis le 1er janvier pour les clients occasionnels et de 2,8% pour les abonnés.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business