La relance de la liaison aérienne entre Paris et Clermont-Ferrand suscite la polémique

Clermont-Ferrand, ville de charme du Puy-de-Dôme où il fait plutôt bon acheter - Fabien1319/ Wikimedia
Le timing n'est pas vraiment heureux. Alors que la COP26 bat son plein et que le gouvernement multiplie les initiatives pour soutenir les mobilités propres, essentiellement par le train, ce mercredi la liaison aérienne entre Paris et Clermont-Ferrand a été relancée.
Cette ligne avait été abandonnée par Air France mi-2020 mais est désormais exploitée par la compagnie aveyronnaise Amelia (groupe Regourd Aviation) avec deux rotations par jour en semaine et une le dimanche depuis l'aéroport d'Orly pour un temps de trajet d'un peu plus d'une heure.
Cette relance était réclamée par les acteurs économiques, par le département et par la région dirigée par Laurent Wauquiez qui ont soutenu le projet à hauteur de 700.000 euros.
"La liaison Clermont-Ferrand-Paris Orly représente un enjeu majeur pour la région. Elle est adaptée aux besoins et à la demande locale, aussi bien en voyages affaires ou loisirs. Cette ligne permet aux Auvergnats de faire l’aller-retour à Paris sur une journée, et à l’inverse, aux Parisiens de passer une journée à Clermont-Ferrand", souligne la compagnie aérienne qui vise essentiellement les voyageurs d'affaires.
Ligne SNCF à problèmes
Si le monde économique local affiche sa satisfaction, compte tenu du contexte, la réactivation de cette ligne passe mal notamment auprès des écologistes. Ses opposants ne manquent pas de rappeler qu'une liaison en train existe. Que la loi sur le climat prévoit de supprimer les liaisons aériennes intérieures lorsqu'une alternative en train est possible.
"Les promesses qui nous ont été faites, c'est du greenwashing. Le gouvernement a décidé de supprimer des lignes aériennes, mais ils les remplacent par d'autres. Pour aller à Clermont-Ferrand, vous en avez entre 3h16 et 3h52 en train", déplore Luc Offenstein, président de l'association Oye 349 cité par France 3 Régions.
Et de rappeler que "l'avion est le plus gros émetteur à effets de serre à la tonne transportée. On ne peut pas continuer à remplir des liaisons qui sont aussi opérées par le train".
Bilan carbone limité?
Mais cette même loi prévoit une limite de 2h30 à cette alternative, or la liaison ferroviaire entre les deux villes est de 3h30. Quand elle fonctionne. Car les partisans de l'aérien mettent en avant les problèmes chroniques de fiabilité de cette ligne SNCF vieillissante: retards réguliers, trains supprimés... pas plus tard que le week-end dernier d'ailleurs.
Dans le même temps, la compagnie aérienne défend un bilan carbone limité. Chez nos confrères de La Montagne, Dominique Dreuil, directeur du développement régional, assure que l'avion de dernière génération qui assure la liaison (un ATR 72-600) consomme 40% de carburant en moins, pour seulement dix minutes de trajet supplémentaires.
En tout cas, les débuts sont timides. Le premier vol ce mercredi était clairsemé, la compagnie espère atteindre rapidement un taux de remplissage de 60%, soit 50 passagers par vol.