La compagnie Alitalia effectue son dernier vol ce jeudi après 75 ans d'existence

Alitalia - ALBERTO PIZZOLI / AFP
Ciao Alitalia. Le vol AZ1586 Cagliari-Rome ce jeudi soir est le dernier de la compagnie nationale italienne qui cessera donc ses activités, 75 ans après sa naissance. Régulièrement confrontée à des difficultés économiques en raison de choix stratégiques douteux, Alitalia n’aura pas été en mesure de surmonter la crise du Covid-19.
Rien de très étonnant lorsqu’on sait que la compagnie placée sous tutelle de l’administration publique dès 2017 perdait déjà 2 millions d’euros par jour avant la crise. Entre 2000 et 2020, ses pertes ont atteint 11,4 milliards d’euros et les contribuables italiens ont dû débourser 13 milliards d’euros ces dernières années pour la maintenir à flot. En vain.
A la fin du mois d'août, Alitalia a finalement annoncé l’arrêt de ses activités à compter du 15 octobre. Les voyageurs qui avaient réservé un billet pour un vol après le 15 octobre ont pu être intégralement remboursés en en faisant la demande sur le site de la compagnie. 250.000 personnes étaient concernées.
Lancement d'ITA
A compter de vendredi, c’est Italia Trasporto Aero (ITA) qui prendra le relais d’Alitalia. Financée dans un premier temps par le gouvernement italien à hauteur de 700 millions d’euros, cette nouvelle compagnie aérienne publique doit reprendre 2700 des 10.200 employés d’Alitalia.
Mais pour créer cette nouvelle entité à l’aide de fonds publics, le gouvernement a dû batailler avec la Commission européenne et accepter plusieurs concessions: le changement de nom de la compagnie, la réduction drastique du nombre d’employés et d’avions, la cession de créneaux aéroportuaires ainsi qu’un réseau intercontinental réduit à cinq destinations.
D’autant que Bruxelles enquête déjà sur les 1,3 milliard d’euros de soutien public apportés à Alitalia entre 2017 et 2019 pour savoir si ces fonds sont en conformité avec les règles de l’UE en matière d’aides d’Etat.
52 avions
ITA s’élancera donc vendredi avec une flotte de seulement 52 avions, dont sept gros porteurs. Elle a néanmoins annoncé l’achat de 28 nouveaux Airbus qui commenceront à être livrés en 2022 et a signé un contrat avec Air Lease Corporation pour la location de 31 appareils.
Mais avant même son premier décollage, ce nouveau sauvetage suscite des doutes, dont ceux de l’économiste Andrea Giuricin :
"Le problème, c’est que l’entreprise (Alitalia, nldr) était devenue trop petite pour être compétitive, et ITA sera encore plus petite… A moyen terme, il faudrait imaginer qu’elle soit rachetée, mais les compagnies qui seraient éventuellement candidates, devraient rembourser les aides d’Etat reçues pendant la pandémie, ce qui ne sera pas évident", explique-t-il au Monde.
Le premier vol d’ITA partira ce vendredi à 6h30. Il décollera de Milan pour rejoindre Rome.