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L'Inde sur le point de faire rouler le plus long train à hydrogène de la planète pour remplacer ses locomotives diesel

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Le pays parie sur cette énergie pour faire rouler des trains sur ses 30.000 kilomètres de voies ferrées non électrifiées.

Si l'Inde possède un des réseaux ferroviaires le plus étendu de la planète, plus de 30.000 kilomètres de voies sont non électrifiées. Y circulent donc des trains diesel qui participent aux émissions de CO2 dans le pays.

Les autorités visent la neutralité carbone dans le rail. Pour y arriver, l'accent a été mis sur le train à hydrogène à travers le programme "Hydrogen for heritage". Et avec un peu plus d'un an de retard, Ashwini Vaishnaw, le ministre des chemins de fer, annonce "pour bientôt" la mise en service de la première rame sur une ligne de 89 kilomètres, entre Jind et Sonepat, au nord du pays, maintenant que la phase de test est achevée.

Le train est à l'échelle du pays, géant. Il possède dix voitures, tractés par une locomotive de 1.200 chevaux et embarquera jusqu’à 2.600 passagers par jour. Il deviendra donc le plus long train à hydrogène et le plus puissant de la planète, selon le ministre.

Pour mener à bien sa stratégie, l'Inde mise pour le moment sur le rétrofitage de trains diesel existants, c'est à dire le passage d'une propulsion thermique à une propulsion électrique avec pile à hydrogène et non pas sur l'achat de matériel neuf.

A terme, 35 rames à hydrogène devraient circuler sur différentes lignes non-électrifiées du pays.

Reste à savoir si ce train remplira ses objectifs. Il suffit de se pencher sur l'Allemagne, à la pointe sur ce sujet, pour se rendre compte que la technologie n'est pas encore complètement au point.

Démarrage difficile en Allemagne

Une flotte de 14 trains régionaux Coradia iLint d'Alstom pour la région de Basse-Saxe a connu l'an passé des difficultés d'exploitation. Les performances des rames sont inférieures aux attentes avec des pannes récurrentes entraînant de longues immobilisations des trains, notamment à cause de l'indisponibilité de pièces.

Même chose pour les rames Mireo Plus H produites par Siemens Mobility circulant dans la région de Berlin. Après un peu plus de 15 jours d'exploitation, la ligne a été suspendue, les trains à hydrogène sont à l'arrêt. En cause, des problèmes dans le ravitaillement.

Le train à hydrogène est une technologie jeune, encore faillible, mais prometteuse. Elle représente une des pistes les plus sérieuses (avec les trains à batteries ou batteries/diesel) pour remplacer les trains au diesel, émetteur de CO2, roulant sur des lignes non électrifiées qui sont encore nombreuses: 50% en Europe, 40% en France, essentiellement régionales.

En France, 12 rames ont été commandées par les régions Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes à Alstom, les opérateurs ayant besoin de plus en plus de trains pour répondre à la demande, et de plus en plus de trains verts. La Suède, l’Autriche, l’Arabie saoudite et même le Québec l’ont testé.

En Allemagne, Alstom et Siemens apprennent donc en marchant, convaincus que ces ratés seront autant d'expérience accumulée pour les futurs déploiements.

"L'expérience acquise en opérations contribuera à renforcer la maîtrise de cette nouvelle technologie et à la stabiliser davantage.", souligne ainsi Alstom.
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business