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"L'avion est parti sans nous!": les longues heures de galère des passagers du vol Air France vers Tenerife

Des personnes sur une plage de l'île de Tenerife, dans l'archipel espagnol des Canaries. (photo d'illustration)

Des personnes sur une plage de l'île de Tenerife, dans l'archipel espagnol des Canaries. (photo d'illustration) - DESIREE MARTIN / AFP

À cause de vents violents ce jeudi, l'avion n'a pas réussi à atterrir sur l'île espagnole malgré cinq tentatives. Les passagers devaient reprendre l'avion ce vendredi matin. Mais il est parti sans eux, avec leur bagage.

Comment un simple vol vers Tenerife se transforme en feuilleton rocambolesque. Ce jeudi, le vol Air France AF1162 entre Paris et l'île espagnole ne parvient pas à atterrir à l'aéroport de Tenerife Sud-Reine Sofia malgré les efforts du pilote.

En cause, des turbulences dues au cisaillement du vent, classiques dans la zone. L'appareil, un Airbus A320, a d'abord tenté de se poser trois fois avant que l'équipage décide finalement d'atterrir à Gran Canaria à l'aéroport de Las Palmas, une autre île de l'archipel.

Itinéraire du vol AF1162 entre Paris et Tenerife
Itinéraire du vol AF1162 entre Paris et Tenerife © Flight Radar

L'avion a alors redécollé vers Tenerife, mais cette fois encore, impossible de se poser après deux nouvelles tentatives. Las, décision est prise de retourner définitivement à Gran Canaria. Les 90 passagers ont alors été pris en charge par les équipes d'Air France quasiment 10 heures après leur départ, sans avoir mangé.

"A deux mètres du sol, le pilote remet les gaz"

"A la troisième tentative, on a commencé à s'énerver", explique une passagère que nous avons pu joindre.

"Et à la dernière tentative, l'avion était à deux mètres du sol avant de remettre les gaz, franchement, on n'a pas compris".

Mais les esprits se calment lorsqu'on leur explique que leur vol vers Tenerife a été reprogrammé ce vendredi matin.

C'est là que les choses se complique à nouveau puisque l'avion est bien reparti ce matin, comme annoncé par la compagnie... mais sans les passagers et avec leurs bagages en soute.

"Autant, on a bien compris hier que les conditions météo nous empêchaient d'atterrir et le pilote nous a bien expliqué pourquoi, on a été hébergés dans un bon hôtel. Autant aujourd'hui, on est en colère", nous explique un autre passager contacté par BFM Business.

"Nous sommes partis de l'hôtel tôt ce matin et on a attendu à l'aéroport, sans trop d'informations. Cinq minutes avant l'embarquement, on nous a expliqué (un agent d'escale, NDLR) que l'avion allait à nouveau tenter d'atterrir à Tenerife, mais que ce n'était pas garanti. Et que si l'atterrissage était encore impossible, l'avion retournerait à Paris".

"On ne savait pas quoi faire, on attendait et puis on a vu décoller l'avion sans nous, mais avec nos bagages", poursuit-il.

"Tous les passagers étaient devant la porte d'embarquement, on a vu les bagages être embarqués en soute. Puis, certains, mais pas tous, ont entendu que le pilote n'allait faire qu'une tentative d'atterrissage. Mais finalement, personne ne nous a demandé notre avis. On nous a dit que le pilote viendrait nous parler, on l'attend toujours et puis on nous a dit que l'avion ne décollerait finalement pas. Et l'avion a décollé. Un employé de l'aéroport nous a dit qu'il n'avait jamais vu ça en 20 ans de métier. Surtout, l'agent d'escale nous a simplement dit de nous débrouiller pour rejoindre Tenerife", relate la voyageuse.

Finir le voyage en ferry

Pire, certains passagers qui avaient leurs bagages en soute et qui avaient bien choisi d'embarquer malgré le risque de retourner à Paris ont finalement trouvé porte close. De quoi enrager d'autant plus que l'avion a finalement réussi cet atterrissage tant attendu à Tenerife.

Les passagers se retrouvent alors démunis à Gran Canaria, sans informations. Certains décident de prendre un billet, d'autres de rejoindre Tenerife en ferry comme nos témoins, à leurs frais, déboursant 50 euros par passager.

"Nous sommes une quinzaine ici à attendre le bateau. Cela cause énormément de problèmes, de stress. Il y a des enfants, des personnes âges qui ont leur traitement dans leurs bagages, ce n'est pas normal", gronde le passager.

Un groupe de passagers du vol Air France ayant choisi de rejoindre Tenerife en ferry
Un groupe de passagers du vol Air France ayant choisi de rejoindre Tenerife en ferry © Témoins BFMTV

Contacté, Air France explique que ce sont les passagers qui ont décidé de ne pas embarquer face au risque de retourner à Paris. La compagnie assure que l'information d'une seule tentative d'atterrissage leur a été donné deux fois. Sur les passagers qui ont tout de même choisi d'embarquer, mais qui n'ont pas pu, Air France dit ne pas avoir d'information.

L'opérateur souligne que les bagages en souffrance seront livrés dans les lieux de résidence des passagers à Tenerife et que chaque passager sera contacté pour la prise en charge des frais et pour les questions de remboursement.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business