L'avion a de moins en moins la cote auprès des Français

Il ne représente que 2 à 3% des émissions de CO2 dans le monde, pourtant l'avion est aujourd'hui considéré comme un des principaux artisans du réchauffement climatique. En France notamment, son image se dégrade de plus en plus et beaucoup seraient prêts à moins le prendre, en privilégiant par exemple le train.
C'est l'une des conclusions du dernier baromètre* de l'économie réalisé par Odoxa pour AGIPI, Challenges et BFM Business.
Ainsi, la part de Français prenant l’avion au moins une fois par an chute à 26%, soit une baisse de 4 points depuis janvier dernier.
73% des 25-34 ans prêts à moins prendre l'avion
Surtout, "59% des Français disent être prêts à encore moins prendre l’avion afin que la France fasse des économies d’énergie et 20% assurent qu’ils le font déjà", peut-on lire.
Cette volonté est la plus forte chez les 25-34 ans prenant l'avion au moins une fois par an. Ils sont 73% à accepter de limiter cet usage. Elle est également prégnante chez les CSP+ (63%) et les cadres (65%).
Parmi les plus engagés, 31% se disent prêts à suivre l'ingénieur-enseignant Jean-Marc Jancovici qui préconise de limiter à 4 le nombre de voyages en avion dans toute une vie.
Même du côté de ceux qui prennent plus souvent l'avion (au moins tous les mois), 73% sont prêts à limiter cet usage, avance l'étude.
Pour les trajets limités à la France, la volonté d'abandonner l'avion au profit du train est encore plus forte puisque 79% des cadres y adhèrent (53% le font déjà), tout comme 72% des 25-34 ans ou 89% de ceux qui prennent l'avion tous les mois ou presque.
Cette étude recoupe celle de la Chaire Pégase de Montpellier Business School consacrée à l'économie du transport aérien publiée en mai dernier montrant que "12% de ceux qui ont déjà pris l’avion dans leur vie déclarent ressentir de la honte lorsqu’ils utilisent ce moyen de transport".
Ceux qui ont pris l’avion ces 12 derniers mois sont prêts à faire des efforts en réduisant leur consommation d'avion: ils estiment réduire leur nombre de vols de 14,5% dans les cinq prochaines années.
Un trafic qui reste pourtant en hausse
Si cette remise en question du voyage en avion est dans l'air du temps, elle est néanmoins contredite pour le moment par les chiffres. Au niveau mondial, le cap des 4,35 milliards de passagers devrait être dépassé cette année. Un niveau proche du record de 2019 (4% de moins).
En août dernier, selon les chiffres de l'association mondiale du transport aérien (IATA), le trafic était à 95,7% de celui observé en août 2019. C'est une hausse de 28,4% par rapport à août 2022.
En France, les aéroports parisiens ont retrouvé en août dernier 94% de leurs passagers de la même période de 2019. A Orly, ce niveau a même été dépassé avec un taux de 111% par rapport à 2019.
Après la crise du covid, la soif de voyager est donc restée très forte dans le monde mais aussi en France. Peux-t-on alors parler de décalage entre la volonté et les faits?
C'est ce que suggère un sondage Ipsos réalisé pour l'Alliance France Tourisme et dont les résultats ont été relayés par le JDD en mai dernier.
Selon ce dernier, la voiture et l'avion restent par exemple les moyens de transports privilégiés par les 18-34 ans pour se rendre en vacances: ils sont 65% à choisir le premier et 54% à préférer le second. Pourtant, plus de la moitié d'entre eux assure choisir toujours ou souvent leur mode de transport en fonction de son impact sur l'environnement.
Le moral économique des Français remonte
Malgré un contexte international très anxiogène, le moral économique des Français s’améliore de 2 points semblant "se remettre lentement des crises de septembre (inflation) et octobre (attentats du Hamas)" explique Gaël Sliman, président d'Odoxa.
22% des Français interrogés se disent plutôt plus confiants concernant l'avenir économique de la France contre 78% ayant plutôt moins confiance (-2 points).
*: Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par Internet le 31 octobre 2023. Echantillon de 1005 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas.