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Flambée de l'énergie: pas d'aides pour le fret ferroviaire français

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Le secteur s'alarme de la hausse des coûts mais surtout de la fin de non recevoir du gouvernement suite à se demande de soutien financier.

Comme beaucoup de secteurs industriels, le fret ferroviaire souffre de l'augmentation des prix de l'électricité et du diesel, les trains de marchandises utilisant ces deux sources d'énergie.

"Avec une augmentation moyenne pondérée du prix du Kwh de 70%, la filière estime que la crise énergétique va lui coûter 55 millions d’euros cette année. Cela représente quasiment un tiers du montant annuel des aides aux opérateurs pour la relance du fret ferroviaire" s'inquiète l'Alliance 4F qui réunit tous les acteurs de la filière.

Si le gouvernement a mis en place un plan d'aide spécifique aux entreprises fortement consommatrices d'énergies, le fret ferroviaire semble avoir été oublié. Pire, une demande spécifique pour un soutien financier supplémentaire n'a pas été entendue.

Un plan d'investissement réduit à néant

"La filière a demandé une aide conjoncturelle de 55 millions d’euros. Jeudi 7 avril, lors d’une réunion interministérielle, cette demande lui a été refusée", peut-on lire dans un communiqué.

Rappelons néanmoins qu'en septembre 2021, le gouvernement a annoncé un investissement de 170 millions d’euros par an (jusqu'en 2024) pour renforcer le fret ferroviaire dans le cadre du plan de relance après des années de sous-investissements.

Mais pour la filière "la crise énergétique menace de réduire à néant" ce plan de relance. D'où cette demande d'un soutien supplémentaire.

Ce refus est d'autant plus étonnant que le fret ferroviaire doit participer à la réduction de l'empreinte carbone du transports de marchandises. Un transport de marchandises par rail émet 9 fois moins de CO2 que le même trajet par la route, avance l'alliance. Or, cette dernière s'interroge sur "le soutien massif" accordé au transport routier de marchandises.

"Le gouvernement accompagne massivement le transport routier: il est inconcevable que le fret ferroviaire ne bénéficie pas de mesures comparables", souligne Franck Tuffereau, coordinateur de l’Alliance 4F.
"Le transport ferroviaire a montré à quel point il était utile à tous et à tous les territoires: il ne faudrait pas que la crise énergétique vienne effacer tous les récents efforts. Le gouvernement remet en cause les chances de parvenir à l’objectif de doublement de la part modale du fret ferroviaire d’ici 2030. Nous le déplorons et restons mobilisés" poursuit-il.

Des aides complexes

Du côté de la SNCF et du transports de voyageurs, on s'inquiète également. L'opérateur est le premier consommateur industriel d'électricité en France avec 10% du total (et 1 à 2% de la consommation globale d'électricité).

"95% de notre énergie de 2022 est achetée, nous achetons notre électricité entre deux à trois ans à l'avance", nous expliquait il y a quelques semaines Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs. Il y aura quand même des ajustements à faire cette année qui auront un impact pour l'opérateur de "quelques dizaines de millions d'euros", ajoute le responsable.

Mais l'avenir est rempli d'incertitudes. "On ne sait pas comment les cours vont évoluer. Est-ce que je me couvre aujourd'hui pour 2023 et les années suivantes ou est-ce qu'on attend? Mais une chose est sûre, l'an prochain, le surcoût pour la SNCF peut se transformer en quelques centaines de millions d'euros", ajoute le dirigeant.

Comme la filière du fret, la SNCF entend également pouvoir compter sur les aides spécifiques du gouvernement pour les entreprises industrielles touchées par ces flambées. Mais visiblement, les choses avancent lentement. "Les travaux sont en cours", indique le président de SNCF Voyageurs. Les industries pointent d'ailleurs un dispositif complexe.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business