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Financement du rail: Clément Beaune veut taxer les billets d'avion les plus chers

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Le secteur de l'aérien est vent debout contre cette nouvelle qui aurait des conséquences néfastes sur la compétitivité du pavillon français.

La nouvelle taxation appliquée aux compagnies aériennes prend forme. Le gouvernement souhaite que le secteur contribue au grand programme d'investissements à 100 milliards d'euros pour le rail, au même titre que les sociétés d'autoroute.

Au Parisien, l'entourage de Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports explique: "La transition écologique et le report modal de l'avion vers le train doivent aussi passer par ce genre de dispositif. A priori, une personne qui paye déjà très cher son billet est moins sensible au prix".

Traduction, cette nouvelle taxe serait appliquée aux billets de première classe ou encore aux billets affaires (business), les plus coûteux pour les passagers et les plus rentables pour les compagnies.

Une centaine de millions d'euros

Il s'agit en fait d'une confirmation. Plus tôt, Clément Beaune avait clairement évoqué sur Franceinfo "une contribution sur les billets de première classe et de classe affaires pour financer la transition énergétique". "Ce ne sera pas un drame social, c'est aussi le sens de la taxation des jets, que nous renforcerons en 2024."

Selon le ministère des Transports, cette taxe, qui serait inscrite dans le prochain projet de loi de finances, rapporterait une centaine de millions d'euros sur la période 2023-2027.

Le plan ferroviaire à 100 milliards ne sera pas financé en totalité par l'Etat qui devrait mettre 20 milliards d'euros (voire un peu plus) dans le pot à travers la Loi de programmation des finances publiques. L'Europe, les régions mais aussi les sociétés d'autoroute et l'aérien seront donc également mis à contribution.

Alors que le secteur aérien doit massivement investir pour sa transition écologique et subit une hausse de ses coûts, l'annonce passe évidemment mal et apparaît comme une double peine.

"La préservation de la compétitivité du transport aérien français par rapport à celle de ses concurrents internationaux doit rester un objectif essentiel alors que le pavillon français a continué de perdre chaque année un point de part de marché", a souligné Pascal de Izaguirre, président de la Fnam, la Fédération nationale de l'aérien et de ses métiers.

"Cet objectif de compétitivité passe en premier lieu par l’abandon de mesures nationales de taxation ou d’interdiction spécifiques à l’aviation française", a-t-il ajouté.

Des milliards pour accélérer la décarbonation

Et d'asséner: "je rappelle que le surcoût de la transition écologique du secteur aérien pour le pavillon français (hors investissement flotte) est estimé à 1 milliard d’euros en 2025 et près de 3 milliards d’euros à l’horizon 2030. Le transport aérien est bien un secteur en transition écologique et ne saurait devenir la variable d’ajustement des politiques d’investissement d’autres modes de transport".

Pour le Scara, le Syndicat des compagnies aériennes Autonomes (qui regroupe la moitié des compagnies aériennes françaises), "taxer toujours plus le transport aérien épuise ses capacités de financement de solutions pour atteindre ses objectifs en matière environnementale: carburants durables (bio et synthétique), compensation CO2, progrès technologiques, etc".

Conséquence probable de cette taxe, l'augmentation du prix des billets d'avion en général alors que ce prix n'a jamais été aussi haut. Pour certains professionnels, cela pourrait déboucher in fine sur une baisse de la demande.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business