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Transports

Est-il possible de limiter la vitesse à 30 km/h en ville ?

Un embouteillage sur les Champs Elysées.

Un embouteillage sur les Champs Elysées. - -

Réduire la vitesse en ville, c’est ce que demande une pétition européenne lancée vendredi en France. Le sujet fait grincer des dents. Etat des lieux et arguments, BFMTV.com fait le point.

Et si on réduisait la vitesse des véhicules dans les villes ? Moins de bruit, moins de pollution, moins d’accidents, les arguments des défenseurs de la mesure sont nombreux. Initiée en novembre dernier par un collectif de citoyens européens, la pétition "30km/h en ville" est lancée ce vendredi en France. Le Parisien en fait d'ailleurs sa une ce 8 février et interroge ses lecteurs sur l'opportunité d'une telle limitation en ville.

BFMTV.com fait le point sur un sujet qui réveille les antagonismes piétons vs. automobilistes.

> Pourquoi une pétition ?

L’initiative citoyenne européenne (ICE) doit récolter un million de signatures d'ici le 13 novembre 2013, afin que la Commission européenne l'examine et la transforme éventuellement en proposition de loi. Elle vise à étendre les zones où la vitesse est limitée à 30km/h, qui existent déjà dans de nombreuses villes en Europe et en France. La limitation à 30km/heures deviendrait alors la norme dans toutes les agglomérations.

"Notre vision est que le 30km/h doit devenir la vitesse par défaut dans nos villes et villages et que les autorités locales ne doivent autoriser des vitesses supérieures que là où c'est nécessaire" précise l'initiative sur son site. La pétition peut être signée ici. Pour l'instant elle a récolté près de 12.000 signatures.

> Les zones à 30 km/h, ça existe déjà ?

A Paris et dans plusieurs agglomérations en France, les zones à 30km/h sont déjà une réalité. La capitale compte ainsi quelque 70 quartiers limités à 30km/h. Le site Ville30, regroupe les villes qui mènent l'expérience et souhaitent que "la limitation à 50 km/h devienne l’exception au lieu de la règle et soit réservée à des axes de transit".

Fontenay-aux-Roses, Lorient, Nogent-sur-Marne, ou encore Bougival font ainsi partie des villes pilotes. Fontainebleau mène l'expérience depuis deux ans et en dresse sur le portail de ville30, un bilan positif, constatant un apaisement de la circulation et des rapports entre cyclistes et automobilistes.

>> A LIRE AUSSI : Paris : le périphérique bientôt limité à 70km/h ?

> Limiter à 30km/h, ça change quoi ?

Sécurité, bruit, pollution, les arguments en faveur de la limitation à 30km/h dans les villes ne manquent pas. Olivier Razemon, journaliste au Monde, dont le blog L’interconnexion n’est plus assurée traite des transports, liste ainsi sept arguments en faveur de cette mesure. Dézinguant au passage certaines idées reçues, comme le fait que les voitures, c'est bon pour le commerce. Les cyclistes et les automobilistes seraient en effet de meilleurs clients que les automobilistes.

Parmi les arguments figurent aussi la sécurité. En 2011, les piétons représentaient 13% des tués. Selon les chiffres de la sécurité routière, depuis 2008, la mortalité la plus forte en milieu urbain est celle des piétons. Elle augmente même entre 2010 et 2011, alors que la mortalité en milieu urbain est en baisse. Avec une limitation à 30km/h, temps et distance de freinage diminuent, et la probabilité d'être tué s'en trouve également réduite.

Citons enfin la qualité de vie des riverains, qui s'en trouve améliorée - moins de bruit, moins de particules fines - ainsi que le confort des piétons et des cyclistes. Enfin, un argument auquel même les automobilistes pourraient être sensibles : moins de carburant consommé.

> Qu'en pensent les automobilistes ?

Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, prône, lui, la liberté et le "pouvoir rouler", mettant en avant la situation des automobilistes qui n'ont pas le choix. S'il approuve les zones limitées à 30 km/h autour des écoles et des zones de danger, élargir de telles limitations de vitesse est pour lui une aberration, qui ne réduit pas la pollution et serait "contre-productif d'un point de vue économique".

Pierre Chasseray avance, en effet, que c'est entre 50 et 80 km/h que les véhicules polluent le moins. Il rappelle également qu'à Paris, ville où l'on roule le moins vite, la vitesse n'excède pas 17km/h, lorsque le trafic est congestionné. Pour lui, imposer aux automobilistes de rouler à 30km/h en ville, est une mesure impossible à respecter. Pour preuve, Dunkerque et Strasbourg, toutes deux pionnières dans la limitation à 30km/h sont "très vite revenues en arrière".

Et de réfuter un autre argument développé par les pro-limitations : une ville où la vitesse est limitée à 30km/h n'est pas "une ville apaisée mais une ville qui tourne au ralenti". Une telle limitation ne ferait qu'ajouter "de la congestion à la congestion".

Pour Pierre Chasseray, selon qui deux automobilistes sur dix sont en train de chercher une place, la solution n'est pas de sanctionner, mais de créer des places de parking.