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Contrat à 3 milliards d'euros manqué en Belgique: Alstom s'interroge, la SNCB s'explique

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Les commentaires d'Alstom ainsi que la possibilité d'un recours en justice (qui n'a pas été confirmé) ne sont pas passés inaperçus, incitant la compagnie ferroviaire nationale à communiquer afin de justifier son choix.

La pillule a du mal à passer. Début mars, l'industriel français Alstom a vu s'échapper une commande majeure à plus de 3 milliards d'euros, en Belgique, pour des centaines de trains classiques destinés à la SNCB (la SNCF locale). C'est son concurrent espagnol CAF qui a remporté la mise.

Alstom était pourtant convaincu d'être le favori, notamment grâce à la carte de la production locale: "nous croyons fermement en notre offre, d'autant plus qu'Alstom a construit sa proposition de valeur sur la proximité avec le client, la production locale en Belgique et un retour sur l’économie locale", expliquait il y a quelques jours un porte-parole à BFM Business.

Le patron d’Alstom Belgique, Bernard Belvaux, a même écrit à différents ministres pour dénoncer "la décision choquante" de la compagnie ferroviaire publique.

Une "décision choquante"

Ces sorties, ainsi que la possibilité d'un recours en justice évoqué par plusieurs médias (Alstom n'a pas souhaité commenter ce point) ne sont pas passées inaperçus, incitant la SNCB à communiquer afin de justifier son choix, ce qui est assez rare dans les appels d'offres, et de démonter point par point les arguments du français.

Sans jamais nommer Alstom, Vincent Bayer, porte-parole de la Société nationale des chemins de fer belge rappelle qu'elle "ne peut accorder un avantage à la production locale, dans le cadre européen, sous quelque forme que ce soit, afin d’attribuer une note plus élevée à un soumissionnaire qui, par exemple, garantirait une certaine production locale ou le développement de certaines connaissances ou de l’emploi au niveau local/belge. Le droit européen ne le permet pas".

Et d'enfoncer le clou: "de tels critères d'attribution concernant le lieu de production sont discriminatoires à l'égard des participants d'autres États membres, et le lieu de production n'est pas un critère pertinent pour la qualité de l'offre. Pour les mêmes raisons, un critère d'attribution qui mesurerait le degré de réinvestissement dans l'économie locale n'est pas acceptable non plus".

Être le moins cher ne suffit pas pour la SNCB

Sur la question du prix supérieur qui aurait été proposé par CAF, la SNCB rejette tout soupçon. "La SNCB a stipulé à l'avance (...) que le choix serait fait sur la base du meilleur rapport qualité-prix. Les offres n'ont donc pas été évaluées uniquement sur base du critère du prix".

"C'est l'application combinée du critère du prix et des critères d'attribution qualitatifs qui a conduit au résultat actuel. De ce point de vue, il est donc logique que le soumissionnaire préférentiel ne soit pas nécessairement le moins-disant."

Et d'asséner une dernière pique: "une offre de meilleure qualité pourrait, par exemple, réduire les difficultés lors de l’exécution du contrat", manière de pointer les très importants retards de livraison d'Alstom dans de nombreux contrats, même si CAF connaît également ce type de problèmes, notamment pour la SNCF.

Reste que c'est la seconde fois depuis le début de l'année que CAF dame le pion à Alstom. Le groupe a été écarté du contrat portant sur 150 trains classiques pour les chemins de fer marocains pour près de 3 milliards d'euros. Alstom a néanmoins remporté celui pour 18 TGV.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business