Maroc: Alstom écarté d'un méga contrat de 150 trains

Si l'industriel français a été choisi par le royaume pour livrer des rames à grande vitesse, il n'est plus dans la course pour la fabrication de 150 trains classiques.

C'est un juteux contrat qui échappe à Alstom au Maroc. Selon la presse du royaume, l'ONCF (l'opérateur ferroviaire local) a choisi les constructeurs pour la fabrication de 150 trains classiques (à travers trois lots: 40 interurbains, 60 navettes rapides et 50 RER) et leur maintenance pendant 20 ans.

Un consortium mené par Alstom France, Alstom Italie, Alstom Espagne et Alstom Maroc s'était porté candidat mais son dossier a été écarté, tout comme celui de l'espagnol Talgo et du chinois CRCC. Pour ces trois lots, seuls le sud-coréen Hyundai Rotem et l'espagnol CAF restent en lice.

Hyundai tiendrait la corde grâce à la proposition faite par son PDG, lors d'une visite en juillet, de construire une usine de fabrication de trains au Maroc et d’opérer un transfert de technologie. L'ONCF va désormais affiner son cahier des charges et lancera un appel d'offres auprès de ces deux industriels retenus.

Un contrat pour 18 trains à grande vitesse

Interrogé, Alstom explique que "les appels d'offres étant toujours en cours, nous ne pouvons pas les commenter". Pour autant, l'industriel français pourra se consoler avec ses trains à grande vitesse qui, eux, ont été choisis par l'ONCF.

Le groupe a été sélectionné comme "soumissionnaire privilégié" pour la fourniture de 18 rames à grande vitesse de la famille Avelia Horizon, la même plateforme que le TGV M de la SNCF.

Les autres industriels qui ont été écartés de ce lot ont la possibilité de contester le choix du royaume. Une fois le délai légal passé, Alstom et l'ONCF pourront officiellement signer le contrat, il s'agira alors d'une commande ferme.

"Alstom est ravi d'avoir été sélectionné comme soumissionnaire privilégié par l'ONCF pour l'appel d'offres concernant les trains à grande vitesse. Étant donné que le processus d'appel d'offres est toujours en cours, nous ne pouvons fournir davantage de commentaires pour le moment", nous disait l'industriel fin 2024.

Un financement avancé par la France?

Le montant de l'investissement pour l'ONCF serait compris entre 750 millions et un milliard d'euros en fonction d'options qui restent à décider, notamment pour la maintenance.

Mais une partie de cette somme pourrait être avancée par la France à travers la déclaration d'intention sur des "facilités de financement" pour le ferroviaire qui a également été signée entre les deux pays lors d'une visite d'État d'Emmanuel Macron en octobre dernier.

On rappellera que la France a financièrement participé à hauteur de 51% à la construction de la première ligne à grande vitesse du pays (inaugurée en 2018 pour un coût de 2 milliards d'euros) qui va de Tanger à Casablanca au moyen de différents prêts.

Ces rames à deux niveaux rouleront sur le tronçon à grande vitesse entre Tanger-Marrakech qui est le prolongement de la ligne Tanger-Casablanca, prolongement acté début 2022 et qui a donc donné lieu à différents appels d'offre.

Selon nos informations, l'objectif du Maroc est de recevoir ces rames en 2030 lors de la Coupe du monde de football pour laquelle le pays est co-organisateur.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business