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Ouigo: bientôt à Malaga et Séville avant d'autres liaisons hors de France?

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La marque low cost séduit de plus en plus et la SNCF compte profiter du nouvel engouement pour le train pour développer des liaisons en Europe, comme nous l'explique Stéphane Rapebach, directeur général.

Nouvelle liaison vers la Bretagne, lancement d'une ligne en Espagne: Ouigo poursuit son développement malgré la pandémie. Il faut dire que la marque low cost à grande vitesse de la SNCF est un succès avec 68 millions de voyageurs en France avant la crise.

La liaison Madrid-Barcelone, opérationnelle depuis le 10 mai, est d'ailleurs la première incursion de Ouigo hors de ses frontières. "L'accueil a été très chaleureux, les tendances commerciales sont très bonnes", indique à BFM Business, Stéphane Rapebach, directeur général de Ouigo.

Comme en France, le marché ferroviaire espagnol est désormais ouvert à la concurrence, mais contrairement à la France, l'usage du train y est peu développé par rapport à la voiture à cause de prix élevés.

"Après, ça sera Valence, Alicante, Malaga et Séville"

"Nous proposons des tarifs inférieurs de 50% à la Renfe (l'opérateur national, NDLR), des innovations comme des rames à deux niveaux et des services à bord, soit la même recette qui est appliquée en France. Avec cette offre et la prise de conscience écologique très importante, nous pensons convaincre les Espagnols et à faire croitre le train en Espagne", nous explique-t-il.

Et d'ajouter: "Nous sommes très confiants même si les trains ne sont pas encore plein mais le taux d'occupation correspond à un lancement".

Cette ouverture préfigure-t-elle d'autres liaisons en dehors de la France? L'objectif est clairement affiché: "après, ça sera Valence, Alicante, Malaga et Séville en Espagne. On veut mailler le territoire sur 24 mois".
Et peut-on imaginer une liaison vers l'Espagne depuis Paris? "On y réfléchit mais l'interopérabilité pose problème au niveau technique comme la signalisation. Il faut également regarder le temps de trajet par rapport à l'avion. Mais on doit le regarder car c'est aussi un objectif pour l'Union européenne".

"Pour le reste de l'Europe, on regarde d'abord si il y a un marché à développer, nous sommes en phase de recherche surtout pour répondre à des concurrents qui arrivent en France", explique Stéphane Rapebach.

"1260 places à remplir chaque jour dans chaque train, ce n'est pas rien"

Rappelons que sur les lignes à grande vitesse, Thelo (Italie) et la Renfe devraient lancer cette année des offres sur les lignes Paris-Lyon-Milan et Lyon-Marseille. "On est prêts et motivés pour cette offensive et sur notre façon de répondre: quels que soient la date ou l'horaire, il y aura une offre SNCF", commente le responsable.

En France également, Ouigo regarde les opportunités, "on dessert aujourd'hui 42 destinations, on maille les 12 plus grandes villes françaises mais il faut conserver le modèle économique de production qui permet d'offrir des prix bas et être en cohérence avec les autres offres", souligne le responsable.

En clair, Ouigo ne peut se lancer que s'il y a un potentiel de marché suffisant pour remplir ses trains: "1260 places à remplir chaque jour dans chaque train, ce n'est pas rien, donc il faut que ce soit de gros marchés, ajoute-t-il.

30% des clients Ouigo payent pour choisir leur place

Ce modèle contraint est très inspiré de celui mis en place par les compagnies aériennes low cost comme Easyjet. Si le prix du billet est bas, le transporteur se rattrappe sur les services payants en option. "30% des clients Ouigo payent pour choisir leur place", indique Stéphane Rapebach.

En attendant ces développements, Ouigo se concentre sur la reprise du trafic en France à l'heure du déconfinement. "Aujourd'hui, nous sommes à 78% de capacité, on sera à 100% en juin. On retrouve les tendances de ventes de mai 2019, il y a une grosse envie, les trains se remplissent vite même si on est encore en dessous d'un mois de mai normal. Nous estimons le retour à la normale pour le premier trimestre 2022".

Stéphane Rapebach souligne par ailleurs que la SNCF appliquera le même protocole sanitaire avec port du masque obligatoire "même si on est vacciné" et même dans les voitures-bars qui rouvriront le 9 juin.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business