"Cela n'aurait pas dû se produire": le pilote d'avion sous champignons hallucinogènes qui avait tenté de couper les moteurs en plein vol plaide coupable

"Cela n'aurait pas dû se produire, et j'en porte la responsabilité." Joseph David Emerson, le pilote américain qui avait tenté de couper le moteur d'un avion en plein vol en 2023, a plaidé coupable vendredi 5 septembre des accusations portées contre lui.
L'accord conclu avec l'État prévoit 664 heures de travaux d'intérêt général, 60.569 dollars d'amende et cinq ans de probation, comme le rapporte The Guardian.
En octobre 2023, Joseph David Emerson, 44 ans et pilote de ligne, voyage en tant que simple passager sur un vol intérieur de sa compagnie Alaska Airlines entre Everett, dans l'État de Washington, et San Francisco. Comme souvent quand un pilote maison est à bord, on l'autorise à s'installer sur le strapontin dans le cockpit.
"Vous devez me menotter"
Mais alors que l'avion est en plein vol, l'homme lance au commandement de bord, "je ne vais pas bien", puis tente de saisir les deux poignées rouges permettant d'activer le système anti-incendie de l'avion, ce qui aurait eu pour effet de couper l'alimentation en carburant des moteurs.
L'équipage réussit néanmoins à l'empêcher de tirer ces poignées, et lui ordonne de sortir du cockpit. Il rejoint alors calmement la cabine et lance à une hôtesse: "Vous devez me menotter tout de suite ou ça va mal se passer".
L'avion et ses 80 personnes à bord est alors dérouté, atterrit à Portland, et l'homme est arrêté par la police. On apprendra un peu plus tard qu'il avait consommé des champignons hallucinogènes 48h avant le vol et qu'il souffrait de dépression.
Joseph Emerson a notamment déclaré à la police qu'il était très déprimé par le décès récent d'un ami, qu'il avait pris des champignons psychédéliques environ deux jours plus tôt et qu'il n'avait pas dormi depuis plus de 40 heures. Il a déclaré avoir cru rêver à ce moment-là et avoir tenté de se réveiller en saisissant les deux poignées rouges.
"Il savait qu'il n'était pas apte à voler"
Devant le juge, Emerson a déclaré qu'il reconnaissait avoir causé un préjudice non seulement aux passagers, mais aussi à la société dans son ensemble, en sapant la confiance dans le transport aérien.
Une passagère du vol, Alison Snyder, a déclaré au tribunal que "les conséquences proposées aujourd'hui semblent insuffisantes au regard des choix et des actes de M. Emerson, quelles que soient ses explications ou les circonstances".
"M. Emerson savait qu'il n'était pas apte à voler, une condition requise pour être assis dans le cockpit", a-t-elle déclaré.
Vendredi, devant le tribunal, Emerson a réitéré qu'il avait été incapable de percevoir la réalité pendant une période prolongée après avoir pris des champignons, mais "cela ne justifie pas la situation", a-t-il déclaré.
664 heures de travaux d'intérêt général et 60.000 dollars d'amende
L'ex-pilote a également exprimé sa gratitude envers l'équipage pour l'avoir maîtrisé et lui avoir sauvé la vie, ainsi qu'à tous les autres passagers. Il a qualifié ce geste de "plus beau cadeau qui m'ait jamais été fait", même s'il a perdu sa carrière et s'est retrouvé en prison.
Les conditions de l'accord conclu avec l'État comprennent cinq ans de probation (période pendant laquelle il sera suivi et devra respecter certaines obligations pour ne pas retourner en prison). Il devra également réaliser 664 heures de travaux d'intérêt général (huit heures pour chaque personne mise en danger) et payé 60.569 dollars de dédommagement, dont la quasi-totalité sera versée à Alaska Air Group.