Brexit: et si Nissan abandonnait la France pour le Royaume-Uni en cas de "no deal"

- - AFP
Après des années de tergiversations, le Royaume-Uni est désormais hors de l'Union européenne. Pourtant, les choses sérieuses ne font que commencer pour Londres qui doit désormais mettre en place un nouvel accord commercial avec l'Union européenne. D'autant plus que Boris Johnson a exigé une deadline ambitieuse, voire irréaliste: le 31 décembre prochain.
Et déjà, ce lundi, de premières frictions entre le Premier ministre britannique et Bruxelles ont émergé, malgré les bonnes volontés réciproques. "Je ne vois aucun besoin de nous contraindre par un accord avec l'UE", a tranché "BoJo". L'éternelle question, égrainée depuis 2016, revient donc à l'ordre du jour: un "no deal" est-il possible dans ce court laps de temps?
Une chose est sûre, les entreprises continuent de se préparer à tous les scénarios. A commencer par Nissan qui, en cas de Brexit dur, aurait déjà choisi son camp. Selon les informations du Financial Times, le constructeur japonais pourrait choisir de rapatrier sa production en Angleterre plutôt que sur le continent européen.
Le Qashqai, 6ème véhicule le plus vendu du pays
L'idée est d'abord d'éviter les transports de pièces détachées via la frontière, où les droits de douane pourraient exploser. Ensuite, Nissan aurait clairement jeté son dévolu sur le marché britannique plus enviable que le marché français, par exemple. En 2019, la marque a vu ses ventes reculer de 29% (avec 42.313 véhicules écoulés) dans l'Hexagone, tandis qu'elle surperforme de l'autre côté de la Manche avec 92.372 immatriculations, dont une moitié pour le Qashqai qui a été le 6ème véhicule le plus vendu dans le pays.
Au-delà des chiffres, Nissan compte aussi rentabiliser les gros efforts financiers réalisés (4 milliards de livres investis) dans son usine de Sunderland, la plus importante du Royaume-Uni avec 6.000 salariés. Et surtout, le constructeur espère voler des parts de marché aux concurrents Ford et Volkswagen qui ne disposent pas d'autant de force de frappe industrielle sur place. De cette façon, la marque espère passer de 4% à 20% du marché automobile britannique. Selon le plan en question, Nissan en profiterait pour fermer son usine d'utilitaires à Barcelone et relocaliser au Royaume-Uni l'usinage de sa Micra, aujourd'hui assemblée dans l'usine Renault de Flins.
Reste que Nissan a démenti les informations du Financial Times même si le constructeur reconnait que la situation actuelle ne sera "plus viable" en cas d'application des tarifs de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, qui seraient mis en place par défaut en cas de "no-deal". Une situation qui pourrait d'ailleurs rebattre les cartes au Royaume-Uni au point que certains constructeurs pourraient, au contraire de quitter le pays, renforcer leur présence.