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Avant le crash du Boeing 787, la spectaculaire renaissance de la compagnie Air India depuis sa privatisation

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Reprise en 2022 par le conglomérat industriel Tata, la compagnie Air India a investi massivement pour se relancer après des années de difficultés financières.

Au lendemain du crash du Boeing 787 de la compagnie Air India, les interrogations demeurent sur les causes de ce drame qui a fait au moins 260 morts. Tandis que des enquêteurs américains et britanniques sont attendus sur place, Boeing a déclaré de son côté "travailler à réunir plus d'informations" et s'est dit prêt à aider Air India. Le groupe Tata, propriétaire de la compagnie aérienne, a indiqué pour sa part prévoir 110 millions d'euros pour les proches des victimes, s'engageant par ailleurs à couvrir les frais médicaux des blessés.

"C'est une journée difficile pour nous tous chez Air India", a déclaré son directeur général Campbell Wilson dans un message vidéo.

Cet accident assène un coup d'arrêt à la dynamique de développement fulgurant d'Air India depuis sa renaissance entamée en 2022 après des années de grandes difficultés financières. Fondée en 1932 par celui qui était considéré comme le "père de l'aviation indienne" JRD Tata, un aviateur et homme d'affaires né à Paris d'une mère française, l'ex "Tata Airlines" avait été rachetée par le gouvernement indien en 1953, avant d'être à nouveau reprise par le conglomérat industriel Tata en 2022 "dans un état désastreux", selon une interview de Campbelle à Reuters en 2024.

Depuis, Air India vivait une véritable renaissance avec une stratégie d'abord axée sur le renouvellement et au renforcement de sa flotte. La compagnie qui détient à ce jour 190 appareils, dont 34 "Dreamliner" a commandé un total de 570 appareils à Boeing et Airbus ces deux dernières années. Avant de lancer en septembre 2024 un programme de rénovation de 67 appareils plus anciens de sa flotte, pour un montant de 400 millions de dollars (345 millions d'euros).

Enfin, la compagnie surnommée le "Maharaja" a renforcé ses équipes avec 9.000 nouveaux recrutements en deux ans, ce qui lui permet aujourd'hui d'opérer plus de 5.000 vols par semaine à destination de 49 villes indiennes et de 43 autres à l'étranger, réparties dans 31 pays de la planète, souligne l'AFP.

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Un marché en pleine expansion

Dès 2023, le directeur général d'Air India, Campbell Wilson assurait dans le Financial Times que la stratégie de relance de la compagnie qui perdait 2,4 millions de dollars par jour constituait déjà "certainement le plus grand revirement de situation dans l'aviation dont (il n'a) jamais entendu parler".

"À ma connaissance, aucune compagnie aérienne dans l'histoire n'a réussi à faire toutes ces choses en même temps, et ce en deux ans et quelques", avait-il également assuré en début d'année dans le quotidien économique.

Pour accompagner sa montée en puissance, Air India a pu s'appuyer sur la croissance du marché aérien en Inde avec un trafic en hausse de plus de 8% en 2024 (185 millions de passagers), rapporte l'AFP. La croissance annuelle prévue sur les vingt prochaines années est supérieure à 6,5%, le double de la croissance mondiale estimée. Le nombre d'aéroports a en outre plus que doublé en Inde lors de la dernière décennie, de 74 en 2014 à 157 l'an dernier, selon le gouvernement qui ambitionne de le faire passer de 350 à 400 pour le centenaire de l'indépendance du pays en 2047. En attendant, le secteur représente déjà 1,5% du PIB du pays et représente près de 8 millions d'emplois directs et indirects.

Si Air India a réussi à améliorer sa situation, elle enregistrait encore en 2023 520 millions de dollars de pertes, pour un chiffre d'affaires de 4,6 milliards de dollars. En 2024, elle a en outre été classée comme la pire compagnie aérienne en termes de retards au Royaume-Uni.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco