Air France-KLM veut acquérir jusqu'à 19,9% du capital de la compagnie scandinave SAS

Des avions de SAS au Danemark, le 4 juillet 2022 - Johan NILSSON / TT News Agency
Air France-KLM a annoncé ce mardi avoir été retenu au sein d'un consortium pour acquérir jusqu'à 19,9% de la compagnie aérienne scandinave en difficulté SAS, un investissement de 144,5 millions de dollars pour l'entreprise franco-néerlandaise.
Ce consortium réunissant Air France-KLM et les fonds d'investissement Castlelake et Lind Invest, a été retenu par le conseil d'administration de SAS "comme le candidat gagnant dans le cadre du processus de sollicitation de financement" lancé par la compagnie dont les Etats danois et suédois sont les premiers actionnaires, a précisé le groupe aérien dans un communiqué.
"En cas d'autorisation et de levée de toutes les autres conditions suspensives (...), le consortium et l'État danois investiraient 1,175 milliard de dollars US, dont 475 millions de dollars US en actions ordinaires et 700 millions de dollars US en obligations convertibles garanties", selon la même source. Quant à l'investissement d'Air France-KLM, il "représenterait un total de 144,5 millions de dollars US, dont 109,5 millions de dollars US seraient investis en actions ordinaires et 35 millions de dollars US en obligations convertibles garanties". "À l'issue de la transaction, Air France-KLM détiendrait une participation minoritaire d'un maximum de 19,9% dans le capital social de SAS AB".
"Jouer un rôle actif dans la consolidation du transport aérien en Europe"
Après avoir perdu plus de 11 milliards d'euros cumulés pendant la crise sanitaire, Air France-KLM, aidé par la puissance publique et deux fois restructuré, est revenu aux bénéfices en 2022, dégageant 728 millions d'euros. Au premier semestre 2023, ce sont 604 millions d'euros supplémentaires qui ont gonflé ses caisses. Le groupe "est déterminé à jouer un rôle actif dans la consolidation du transport aérien en Europe. La coopération envisagée avec SAS est l'une des composantes de la feuille de route stratégique du groupe", selon le communiqué.
Début septembre, SAS avait annoncé avoir renoué avec les bénéfices au troisième trimestre de son exercice décalé, une première depuis 2019. En dépit de cette éclaircie, le transporteur aérien se trouvait depuis quelques années en difficulté financière, une crise accentuée par les années noires de la pandémie. En juillet 2022, SAS, qui ne vaut plus en Bourse qu'environ 280 millions d'euros à son cours actuel, s'est placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites - le fameux "chapitre 11". Ce dispositif permet à une entreprise n'arrivant plus à rembourser ses dettes de se restructurer à l'abri de ses créanciers tout en poursuivant ses activités.
En parallèle, la compagnie avait lancé un plan d'économies de 7,5 milliards de couronnes suédoises (645 millions d'euros) et annoncé vouloir lever 9,5 milliards (817 millions d'euros) auprès d'investisseurs. Début mai, la compagnie a également essuyé un revers, lorsque le tribunal de première instance de l'Union européenne a annulé un vaste plan de recapitalisation portant sur un peu plus d'un milliard d'euros, monté en 2020 avec le soutien des Etats danois et suédois.
Si l'opération parvient à son terme, "Air France-KLM entend établir une coopération commerciale entre ses compagnies aériennes et SAS AB", lui permettant d'améliorer sa présence "sur les marchés scandinaves, où la marque SAS et son programme de fidélité sont bien établis". Le préalable serait la sortie de SAS de l'alliance aérienne internationale Star Alliance, selon Air France-KLM, dont les compagnies sont membres de l'alliance SkyTeam. Air France-KLM a également manifesté son intérêt pour la compagnie aérienne portugaise TAP, dont Lisbonne a annoncé le 28 septembre avoir lancé la privatisation d'au moins 51%.