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Aérien: la compagnie espagnole Volotea accusée par les pilotes de dumping social

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Le Syndicat national du personnel navigant commercial s'interroge également sur des dérogations consenties par l'administration française.

Volotea fait encore parler d'elle. Si la compagnie espagnole low cost s'est récemment félicitée d'être devenue la première compagnie aérienne en France pour les liaisons internes avec 61 lignes, elle cristallise les critiques de passagers pour un service client aléatoire, et des pilotes pour ses pratiques sociales.

Dans un communiqué, le syndicat SNPNC-FO (Syndicat national du personnel navigant commercial) estime que la compagnie pratique le dumping social, une pratique favorisée selon lui par des dérogations consenties par l'administration française.

Et d'expliquer que cette "montée en puissance" est "malheureusement alimentée par des dérogations accordées par l’État français via la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), qui exemptent Volotea de l’application du code du travail, notamment le code de l’aviation civile et le code des transports".

"Ces dérogations, qui favorisent Volotea au détriment des normes de sécurité et des conditions de travail de notre profession, suscitent une vive inquiétude au sein de notre syndicat et de l’ensemble de la communauté de l’aviation", peut-on lire.

"Concurrence déloyale"

"Nous exhortons les autorités françaises à cesser de distribuer des dérogations au code du travail, à reconsidérer leur position et à veiller à ce que toutes les compagnies aériennes opérant en France respectent pleinement les normes et réglementations en vigueur", souligne l'organisation syndicale.

"Ces avantages dont jouit Volotea créent une situation de concurrence déloyale pour toutes les compagnies qui respectent le droit des salariés. La sécurité des équipages et des passagers ne doit en aucun cas être compromise pour des avantages économiques", assène le SNPNC.

Reste à savoir pourquoi la compagnie bénéficie d'autant de dérogations? Ont-elles été acceptées pour soutenir un acteur qui, à travers ses liaisons régionales, répond à une demande qui n'est pas assurée par Air France?

En tout cas, ce n'est pas la première fois que la compagnie est dans le collimateur de la justice. Entre avril et septembre 2018, l'Inspection du travail avait déjà relevé 76 infractions à la durée maximale de temps de vol de pilotes et personnel navigant de la compagnie basés à l'aéroport de Nantes-Atlantique. Résultat, en 2022 la compagnie a été reconnue coupable et condamnée à payer une amende de 247.450 euros.

En septembre 2021, Volotea avait également été condamnée à une amende de 200.000 euros pour "travail dissimulé" pour avoir rémunéré en Espagne des pilotes qui travaillaient en réalité à Bordeaux.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business