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Transports

61 milliards de dollars: le Vietnam met le paquet pour entrer dans le club des pays offrant des trains à grande vitesse

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Le pays a validé le projet d'une ligne à grande vitesse entre Hanoï et Ho Chi Minh-Ville. Le plus grand conglomérat du pays s'est positionné pour mener les travaux gigantesques.

Le Vietnam entend faire partie du club des pays proposant de la grande vitesse ferroviaire afin notamment de mieux attirer les investisseurs. Fin 2024, le parlement vietnamien approuvait un projet de construction d'une ligne de train à grande vitesse reliant la capitale Hanoï à Ho Chi Minh-Ville.

Le contrat est colossal: au moins 61 milliards de dollars pour plus de 1.500 kilomètres entre la capitale, dans le Nord, et le coeur économique du pays, dans le Sud. La durée du trajet entre les deux villes passera de 30 heures à environ cinq.

"C'est le souhait de la population et la volonté du système politique que d'avoir une ligne à grande vitesse de niveau (de qualité) international", souligne le ministre-adjoint à la Planification et à l'Investissement, Tran Quoc Phuong, qui mise sur un gain de PIB de 0,97 point par an en moyenne.

Cette nouvelle connexion ferroviaire doit compter 23 arrêts dans 20 villes et provinces différentes, améliorant grandement la circulation interrégionale.

Fin des travaux en 2035 voire 2030?

La construction est censée prendre seulement huit ans, pour un début de chantier espéré en 2027 avec livraison en 2035, indique le projet voté par les députés. Pour mener à bien le projet, le plus important conglomérat du pays, Vingroup, a annoncé vendredi avoir proposé ses services. Dans un communiqué, Vinspeed (une entreprise créée récemment au sein de l'empire Vingroup) promet la fin des travaux d'ici 2030, soit cinq ans avant la date évoquée lors de sa validation par les parlementaires.

Elle s'engage en outre à apporter 20% du capital, soit quelque 12,3 milliards de dollars et propose que l'État lui octroie un prêt à taux zéro pour les 80% restants, qui excluent les coûts relatifs aux compensations financières et au relogement dans le cadre du réaménagement des territoires concernés.

"Nous ferons de notre mieux (...) pour développer le projet" et "rembourser les emprunts dans les temps", s'est engagé la directrice adjointe de Vinspeed, Dao Thuy Van, dans le communiqué.

Le gouvernement a dit vouloir aboutir à une décision avant jeudi, pour la soumettre ensuite aux parlementaires de l'Assemblée nationale.

Vingroup est présent dans la santé, l'immobilier, l'éducation ou les technologies. Il possède également VinFast, un constructeur d'automobiles électriques coté au Nasdaq. Il est détenu par l'homme le plus riche du pays, Pham Nhat Vuong.

23 pays dans le monde ont des lignes à grande vitesse

Avec cette ligne, le Vietnam s'ajoutera aux 23 pays de la planète faisant circuler des trains à grande vitesse. 20 d'entre eux ont des réseaux supérieurs à 100 kilomètres et septdes réseaux supérieurs à 1.000 kilomètres.

C'est la Chine qui dispose du réseau le plus étendu (et de très loin) avec plus de 40.000 kilomètres de lignes à grande vitesse devant:

  • L'Espagne: 3.917 kilomètres
  • Le Japon: 3.146 kilomètres
  • La France: 2.735 kilomètres
  • L'Allemagne: 1.631 kilomètres
  • La Turquie: 1.232 kilomètres
  • La Finlande: 1.120 kilomètres (chiffres à fin 2023)

Outre cette ligne à grande vitesse entre Hanoï à Ho Chi Minh-Ville, le pays souhaite également construire une ligne conventionnelle de 390 kilomètres reliant la ville portuaire d'Haiphong à Lao Cai, via Hanoï, au sud de la Chine. Coût total: plus de 8 milliards de dollars. Elle doit renforcer les liens entre les deux pays frontaliers et faciliter le commerce.

En effet, elle desservira de grands sites manufacturiers du Vietnam, où sont installés Samsung, Foxconn, Pegatron et d'autres géants mondiaux de l'électronique, pour beaucoup dépendants de l'arrivage régulier de composants depuis la Chine.

Elle remplacera la vieille ligne en activité, construite il y a plus d'un siècle durant la période de l'Indochine française. Les trains, destinés au transport de passagers et de marchandises, circuleront à une vitesse de 160 km/h, contre 50 km/h.

Pour cette ligne, la Chine va financer une partie du projet à travers des prêts qui s'inscrivent dans le cadre du programme mondial chinois d'infrastructures dit des "Nouvelles Routes de la soie".

Olivier Chicheportiche avec AFP