"Shein paie 273.000 euros d'impôt en France, c'est moins qu'un seul de mes supermarchés": le patron de Coopérative U dénonce un système "qui ne va plus"

Dominique Schelcher veut "se battre à équité" avec les grands acteurs du e-commerce. Invité sur RMC ce mardi, le patron de Coopérative U a déploré le faible niveau d'impôts payé par le chinois Shein en France, à savoir "273.000 euros au titre de 2023 sur 1,6 milliard de chiffre d’affaires".
"C’est ça qui ne va plus", a dénoncé le dirigeant, quand "le commerce, par exemple, le nôtre, c'est 100 impôts et taxes auxquelles on est soumis".
"On ne s'en plaint pas, on vit avec, on les paie", mais "273.000 euros, c’est moins d’impôts qu’un Super U moyen. Un Super U au fin fond de la France paye plus d’impôt sur l’année que la grande enseigne Shein. (...) Que toutes les formes de commerce puissent s’épanouir, bien sûr, mais aux mêmes conditions", a-t-il réclamé.
Le montant d'impôts payé par Shein apparaît en effet assez faible au regard de son volume d'activité dans l'Hexagone et en comparaison à l'impôt payé par les entreprises installées en France, comme les supermarchés.
Prenons par exemple le cas d'un Super U situé à Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais). Selon le site Pappers, le supermarché avait payé 272.000 euros d'impôts et taxes en 2023 pour un chiffre d'affaires de 34,3 millions d'euros. D'autres magasins de l'enseigne d'envergure comparable paient moins d'impôts mais tout de même plus de 100.000 euros par an, ce qui proportionnellement à leurs résultats est nettement plus élevé que l'impôt acquitté par Shein. Certains hypers comme l'Hyper U de Pont-de-Bauvoisin (65,3 millions de chiffre d'affaires) paient même plus de 500.000 euros d'impôts et taxes.
Autrement dit, un Hyper U qui réalise un chiffre d'affaires 25 fois moindre que Shein en France paiera pourtant deux fois plus d'impôt environ.
Optimisation fiscale
"On ne travaille pas à armes égales", a regretté Dominique Schelcher. Et pour cause, si Shein paie si peu d'impôts en France, c'est parce que l'entreprise recourt à un schéma d'optimisation fiscale savamment pensé qui lui a permis de ne déclarer que 9,9 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023 et un bénéfice de 301.000 euros, comme le révélait L'informé en début d'année. Or, le chiffre d'affaires du géant chinois est estimé à 1,64 milliard d'euros dans l'Hexagone.
D'après le média d'investigation, la filiale de Shein en France ne déclare en réalité que les activités de marketing et de communication de son bureau parisien qui emploie 20 personnes. Les achats de ses clients français sur sa marketplace sont eux facturés en Irlande où se trouve sa maison mère. Là-bas, le taux d'impôt sur les sociétés est de 12,5%, contre 25% en France. La structure irlandaise de Shein appartient elle à une holding basée au Singapour qui elle appartient à une holding située... aux Îles Caïmans.
Au-delà de la fiscalité, Dominique Schelcher a dénoncé les "600 avions qui viennent de Chine chaque nuit (...) vers l'Europe" pour déverser sur le marché des produits "qui ne sont pas toujours contrôlés de la même façon" que les produits locaux.
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé une série de mesures visant à réguler l'afflux de colis chinois. Il a notamment proposé de faire payer "des frais de gestion" sur chaque petit colis entrant en Europe, dès 2026, pour financer les contrôles. Le gouvernement soutient en outre la suppression de l'exonération de taxe douanière sur les colis d'une valeur inférieur à 150 euros. Une mesure qui pourrait être intégrée à la réforme de l'Union douanière en 2028.