SFR prépare la vente de son réseau de fibre, des fonds d'investissement sur les rangs

SFR continue à céder des pépites. L’opérateur télécoms doit recevoir ce soir les signatures de ses derniers créanciers pour boucler la "giga-restructuration" de ses 24,8 milliards d’euros de dette. Plus de 90% ont déjà approuvé l’accord négocié ces derniers mois avec le propriétaire, Patrick Drahi. Les prêteurs ont accepté d’effacer 6 milliards d’euros en échange de 45% du capital de SFR. Grâce aux 2,6 milliards d’euros de cash tirés des ventes de ses datacenters et des médias (RMC, BFM TV et BFM Business), la dette passera à 15,5 milliards d’euros.
Mais ce n’est n’est pas terminé. Le PDG d’Altice France, maison-mère de l’opérateur, s’est engagé à poursuivre le désendettement. La dette sera réduite à 13 milliards d’euros, comme l’a écrit Arthur Dreyfuss dans un mail interne fin février. Pour arriver à cet objectif, SFR prépare déjà la vente de son réseau de fibre. Cette infrastructure de sept millions de prises déployées en France est détenue à 50% par Altice, le solde étant partagé entre trois investisseurs financiers, dont l’assureur français Axa.
Selon plusieurs sources proches du dossier, des fonds d’investissement s’intéressent à cette filiale XP Fibre et planchent actuellement dessus. Il s’agit de KKR, Ardian et GIP. Le canadien CDPQ serait aussi sur les rangs. Aucun processus officiel n’a été ouvert mais des offres non-sollicitées sont attendues pour cet été. Elles viseront 100% de XP Fibre alors que les actionnaires minoritaires sont, eux aussi, vendeurs. Contacté, Altice n’a pas souhaité commenter.
Discussions avancées avec KKR
"Cette cession a toujours fait partie de la négociation globale autour de la dette", confirment plusieurs créanciers.
"On savait que Patrick Drahi vendrait son joyau après la restructuration", ajoute un acheteur.
Tous savent qu’il est attaché à ce réseau, symbole de ses débuts dans le câble. "C’est sa Tour Eiffel", sourit un de ses proches qui rappelle que les lourds investissements dans la fibre sont passés et diminuent, de quoi gonfler les marges futures.
Cette opération est un "remake" car XP Fibre avait déjà été mis en vente il y a un an pour tester le marché. À l’automne, le propriétaire de SFR évoquait en privé une valorisation élevée de 5 à 6 milliards d’euros quand les acheteurs visaient plutôt 4 milliards d’euros.
Plusieurs acteurs du dossier faisaient alors état de "discussions avancées" avec KKR, voire d’un "pré-accord".
Le fonds américain fait aujourd’hui figure de favori alors qu’il vient de racheter le réseau de fibre de Telecom Italia pour 18,8 milliards d’euros l’an passé. Certains se demandent toutefois si KKR n’a pas été échaudé par ses déboires en Italie après une révision drastique de ses objectifs financiers et une éviction du patron du réseau. D’autres s’amusent plutôt de voir la main invisible de Xavier Niel, le patron de Free et grand rival de Parick Drahi, qui est administrateur du fonds américain.
Ardian joue la carte française
L’autre candidat de poids est le fonds français Ardian. Selon nos informations, il prépare une offre pour l’été et s’associera avec un autre fonds d’investissement.
Lors du premier round autour de XP Fibre, il faisait valoir sa nationalité française face à l’Américain KKR et pointait du doigt des contrats sensibles entre SFR avec le ministère des Armées. C’était au moment de la polémique sur les ventes d’activités stratégiques d’Atos à des fonds américains. Un argument qui, dans le contexte actuel, pourrait trouver de l’écho.