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Video: Comment le Lutetia veut cultiver sa différence avec les palaces parisiens 

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Le mythique hôtel de la rive gauche à Paris rouvre ses portes après quatre ans de rénovation. Afin d'obtenir le label Palace, l'établissement mise sur sa singularité par rapport aux dix autres plus grands hôtels de la capitale.

Après quatre ans de travaux, le mythique Lutetia rouvre ses portes à Paris. L'hôtel accueillera jeudi 12 juillet ses tous premiers clients depuis qu'il a revêtu son habit de lumière. Derrière la façade immaculée du bâtiment à la croisée de l'Art nouveau et de l'Art déco, l'hôtel qui lorgne sa cinquième étoile et le label palace affirme sa singularité vis-à-vis des dix hôtels de la capitale qui affichent déjà la distinction suprême.

Toisant les Mandarin Oriental, Royal Monceau et autre Plaza Athénée, tous situés rive droite, depuis le sud de la Seine, le Lutetia compte sur cette situation pour marquer sa différence. Et aussi sur son histoire particulière, entamée en 1910, alors que la famille Boucicaut, propriétaire du Bon Marché, fait construire l'hôtel pour y accueillir fournisseurs et clients. Ponctuée de moments sombres, quand la Gestapo en fait son siège parisien, et de lumineux, quand le bâtiment héberge les rescapés des camps.

Lutetia
Lutetia © ALB - BFM Paris

Retrouver son lustre d'antan était un des objectifs de la rénovation à 200 millions d'euros entamée par son propriétaire, le groupe israélien Alrov, tout en s'adaptant aux normes hôtelières les plus prestigieuses. En 2018, l'immeuble du croisement Sèvres-Raspail arbore ses plus beaux atours d'origine mêlés d'éléments très modernes.

Lutetia
Lutetia © ALB - BFM Paris

Les moulures végétales des halls ont troqué les anciennes lanternes contre des éclairages design. Dans le bar Joséphine, en hommage à Baker, autrefois cliente assidue du lieu, le plafond et les murs affichent à nouveau leur fresque d'origine, hommage au mythe de Daphnis et Chloé. Retrouver l'œuvre sous sept couches de peinture et d'enduit a pris 170.000 heures, "10 ans de travail s'il avait été confié à un seul ouvrier", souligne la directrice de la restauration. De l'autre côté de l'enfilade, dans le salon Saint Germain, l'ancien plafond a été détruit pour laisser place à une verrière de l'artiste contemporain Fabrice Ibert qui projette des halos de lumière colorée sur les murs de pierre.

Lutetia
Lutetia © ALB - BFM Paris

Ce ne sont pourtant pas ces installations spectaculaires qui ont siphonné le gros du budget, mais plutôt "tout ce qui ne se voit pas", raconte Jean-Luc Cousty, le directeur général de l'établissement. Il a fallu adapter la structure "Eiffel" du bâtiment, afin qu'il puisse supporter à chaque étage et dans chacune des 184 chambres, les lourdes baignoires taillées à même un bloc de marbre. Il a fallu créer un troisième sous-sol qui abrite "tous les éléments techniques qui permet à l'édifice de produire une partie de son énergie et d'avoir une consommation faible", détaille le directeur.

Lutetia
Lutetia © ALB - BFM Paris

Il a enfin fallu créer ex-nihilo une piscine, un SPA et une salle de gym, comme en propose tout grand hôtel qui se respecte. D'ailleurs nul besoin d'avoir une chambre pour en profiter (mais un porte-monnaie bien garni oui): le Lutetia propose des forfaits à 6800 euros par an aux riverains qui voudraient utiliser ces équipements. "L'idée c'est que les Parisiens puissent redevenir des habitués de l'hôtel, et que les étrangers qui y séjournent puissent les rencontrer", explique Jean-Luc Cousty.

Lutetia
Lutetia © ALB - BFM Paris

Un mélange pour constituer la clientèle particulière que vise l'hôtel, loin des Moyen-orientaux et Asiatiques qui fréquentent plutôt les palaces du côté des Champs-Élysées. L'établissement du 6ème arrondissement, qui revendique son étiquette d'hôtel "le plus provincial de Paris", s'attend à accueillir des Américains " auprès desquels nous sommes très connus", des Européens, et aussi des Français.

Toujours pour se singulariser vis-à-vis des autres palaces, le Lutetia a opté pour un prix d'entrée à 800 euros, "un peu plus bas que les tarifs pratiqués rive droite, destinés à des clients qui payent eux-mêmes leur chambre, pas des businessmen défrayés par leur employeur", complète le directeur. De quoi figurer dans le top 10 des meilleurs hôtels de la capitale, "mais pas dans le top 5, par choix", assure-t-il. Pour y faire son entrée, le Lutetia, encore classé 4 étoiles, devra obtenir la cinquième, qui devrait arriver "très rapidement". Puis le label Palace, pour lequel le processus pourrait durer un an.

Nina Godart