Révolution des télécoms: de France Télécom à Free Mobile

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Souvenez-vous, au milieu des années 90, les services de télécommunications étaient entre les mains d’un opérateur national, France Télécom. Pas d’autres choix que de faire appel à ses services pour disposer d’une ligne téléphonique fixe. Aujourd’hui, les choses ont bien changé, tant dans l’éventail des services, avec le mobile et Internet, que dans la multiplicité des acteurs qui a permis l’émergence d’une vraie concurrence. Les prix des services de communications électroniques n’ont ainsi cessé de baisser, plus de 22% entre 1997 et 2011. Pour comparaison, sur la même période, les prix à la consommation augmentaient sur la même période de plus de 25%.
Cette libéralisation du marché des télécoms a été voulue par une directive européenne, qui a conduit à la création le 5 janvier 1997 d’une autorité de régulation, nommée l’Art puis l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes). Ses missions: assurer un cadre réglementaire permettant l’émergence d’une concurrence et veiller à un aménagement équilibré du territoire.
A cette date, le secteur des télécoms était encore bien figé. Il génère 26 milliards d’euros de revenus, soit 60% de moins qu’à ce jour. Les téléphones portables en sont à leurs balbutiements: à peine 4% des Français possèdent un GSM. Internet est lui aussi encore très confidentiel, puisque la France ne compte qu’un million d’abonnements -il y en a plus de 22 millions à la fin 2011! Mais les opérateurs ont investi massivement, plus de 80 milliards d’euros au total sur les quinze dernières années, dont environ la moitié pour leur réseau mobile, et ont profondément revisité leurs services.
Voici les étapes clés de cette profonde transformation qu'a connu le secteur:
La création des box, une invention typiquement française, qui ne sont autres que des modems surdoués. Elles permettent de multiplier les usages proposées par la ligne fixe: la navigation sur Internet, la télévision, la téléphonie sur IP permettant aux opérateurs d’inclure les communications vers les fixes. Et depuis 2010, les appels vers les mobiles dans le cadre d’offre premium.
Les opérateurs mobiles virtuels (les MVNO) font leur apparition en 2005. Dépourvus de réseau, ils passent des accords avec un opérateur détenteur d’une licence mobile pour fournir leurs prestations. Ils s’adressent surtout aux consommateurs à la recherche de petits prix et de services minimums. Un concept qui a démarré doucement mais qui marche: à ce jour, ils sont plus de 30 et totalisent 10% du marché.
Les offres de convergence mobile et Internet font leur apparition chez SFR, Orange et Bouygues Telecom à la fin de l’année 2008. Le succès commercial est au rendez-vous puisque à ce jour elles ont séduit trois millions de clients.
L’explosion de la data et des smartphones depuis deux ans. Les consommateurs sont de plus en plus adeptes de SMS, MMS et aiment se connecter à Internet en tout lieu. Une aubaine pour les opérateurs, puisque les revenus générés par ces services augmentent de 15% à 20% chaque année.
L’arrivée d’un quatrième opérateur, Free Mobile. Après des mois de buzz, il dévoile au début du mois de janvier ses offres commerciales, à des tarifs très agressifs. Pour la concurrence, c’est un électrochoc. Les offres low cost (Sosh, B&You, série Red) qu’elles avaient conçues en prévision de l’arrivée de Free Mobile restent bien trop chères. Du coup, chacun revoit à la baisse ses tarifs, mais pour l'instant uniquement sur ses marques secondaires. Reste que si l’hémorragie des clients se confirme sur les mois à venir, Orange, Bouygues Telecom et SFR devront sans doute toucher à leurs offres phares vendues sous leur propre marque. Dans ce cas, Free pourra vraiment se targuer d’avoir révolutionné le marché du mobile.