Semi-conducteurs: comment STMicroelectronics se couvre face au risque financier

Avec une demande en explosion et une offre contrainte logistiquement, les semi-conducteurs se portent bien, et STMicroelectronics avec. Le groupe a révisé ses objectifs financiers à la hausse, tablant désormais sur un chiffre d'affaires de 20 milliards de dollars à horizon 2027. Cela représenterait une hausse drastique par rapport à l'heure actuelle: le groupe a réalisé des ventes records en 2021 mais n'a atteint "que" 12,76 milliards de dollars.
Invité sur le plateau de Good Morning Business ce vendredi, le président-directeur général du groupe, Jean-Marc Chéry, a pointé trois raisons à l'excellente santé de sa firme et à l'ambition de ces projections.
On profite d'abord des tendances de marché. Mais on a aussi des tendances de fonds à l'oeuvre, comme la digitalisation et l'électronisation de l’automobile. Et, troisième point, nous avons de grands projets en cours, avec des grands clients comme Apple, Google, Tesla, Renault, Bosch ou BMW", poursuit-il.
Ventes sécurisées jusqu'à la mi-2023
STMicroelectronics a en outre de quoi voir venir, puisqu'il s'est assuré des ventes pour une année complète. Comme le souligne son patron, ses contrats ont été signés à prix constants, en dépit des perturbations logistiques:
Nous nous sommes couverts jusqu’à la mi-2023 et nous sommes est en train de nous couvrir pour 2023/2024. On donne des contrats à long terme non annulables et à prix garantis, parce que c'est ce que font nos clients avec nous", explique Jean-Marc Chéry.
Les confinements chinois pèsent pourtant sur l'activité du producteur de semi-conducteurs: son usine à Shenzen a été fermée deux semaines et le bureau de ventes de Shanghaï a subi un arrêt forcé prolongé pendant le confinement décrété par Pékin.
Autre variable d'ampleur, le conflit en Ukraine, qui a entrainé une coupure sur plusieurs types de gaz industriels entrant dans le processus de fabrication des puces. "Nos ingénieurs trouvent des sources alternatives, qualifient d’autres usines, appuie Jean-Marc Chéry. Ces 3 dernirèes années, nos relations clients et fournisseurs se sont rapprochées et on trouve des solutions."
Une croissance organique dopée au cash
Pour atteindre les 20 milliards de chiffre d'affaires sur la période 2025-2027, le fabricant doit ainsi mener une politique d'investissement lourde. La trésorerie est réinjectée à 75% dans des investissements industriels qui soutiennent le développement à long-terme
Nos actionnaires le savent, on ne va pas leur passer 4 milliards, détaille Jean-Marc Chéry. Nous garantissons une indépendance stratégique à nos clients en réinvestissant le cash dans nos investissements".
STMicroelectronics vient de boucler une usine à Milan, en démarrage pour la fin de l'année, et planche sur l'extension de son site de Crolles (Isère). Mais la forte demande en puces ne pourra être épongée de façon rapide, explique encore son PDG : une usine prend 4 ans pour arriver à sa pleine production. "On ne peut plus raisonner sur les conducteurs en les considérant comme des commodités", conclut-il.