Retards de paiement des entreprises: Olivia Grégoire brandit le "name and shame"

Les gros retards de paiement des entreprises sont en hausse. De 5,7% il y a un an, elles sont 7,6% au premier semestre 2023 à connaître des retards au-delà de 30 jours, selon une étude du cabinet Altares. Une dégradation qui a des conséquences sur les fournisseurs et les plus petites entreprises.
Face à cette situation, la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme a tapé du poing sur la table. Invitée du premier numéro de La France au Défi, sur BFM Business, Olivia Grégoire, s’en est pris aux gros acteurs économiques qui ne règlent pas leurs factures.
"Un certain nombre de grandes entreprises, de grandes administrations et de collectivités locales ne jouent pas le jeu du paiement en temps et en heure. Il y a des amendes, qui peuvent aller jusqu’à 2 millions d’euros. On a 20 millions d’euros en cours de recouvrement du côté des entreprises."
Pourtant, selon Altares, une entreprise sur deux paye ses factures à temps, un taux historiquement haut. Jamais les entreprises françaises n'avaient été si bonnes élèves. Mais les mauvais payeurs mettent plus de temps à régler. Preuve en est des PME, qui prennent un jour de plus à payer leur facture au 2ème trimestre.
La situation est loin d'être homogène selon les territoires: seulement trois régions sont sous le seuil des 10 jours. Dans le détail, la Bretagne est en tête du classement avec 8,9 jours de retard en moyenne. Juste derrière suivent les Pays de la Loire et la Nouvelle Aquitaine, avec respectivement 9 et 9,9 jours. A l'opposé, c’est l’Île-de-France qui se place bonne dernière. Le retard de règlement des entreprises franciliennes dépasse 17 jours, très au-dessus de la moyenne nationale.
Aller plus loin dans le 'name and shame'
"Quelle solution mettre en place?", a demandé Jérôme Tichit à la ministre déléguée. "La troisième voie, c’est le name and shame (…) mettre sur la place publique ceux qui ne jouent pas le jeu." C’est déjà le cas aujourd’hui. Le site de la direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes affiche le nom des grandes entreprises retardataires.
Mais Olivia Grégoire veut aller plus loin : "on n’est pas à l’abri que la ministre que je suis, dans les mois qui viennent, décide de citer de façon plus régulière les acteurs irresponsable", a-t-elle prévenu sur le plateau de BFM Business.
À l’inverse, pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises, la ministre annonce "des annonces fortes", à savoir "un programme avec des correspondants pour que [les chefs d’entreprises] puissent avoir des interlocuteurs au sein de l’État. L’objectif est de fluidifier les relations administratives entre le secteur public et les entreprises françaises".
La ministre des PME défend son action: "L’État n’a jamais autant investi dans l’innovation, les entreprises, la réindustrialisation", avance-t-elle, avant de détailler sur le plateau de La France au Défi: "le plan de relance: 100 milliards d’euros dont 30 milliards pour accompagner des PME, des industries, des ETI dans leur transition écologique; France 2030, avec le plan d’investissement d’avenir: plus de 50 milliards d’euros", explique-t-elle, face aux entrepreneurs de l'émission.