Une entreprise française sur deux paie ses factures à l'heure, mais les gros retards augmentent

L'étau se resserre sur les trésoreries des entreprises. Entre le ralentissement de l'activité, la persistance de l'inflation et le rebond des taux d'intérêt, la proportion d'entreprises françaises payant leurs fournisseurs avec un retard d'au moins 30 jours était de 7,6% au premier semestre, contre 5,7% il y a un an, selon une étude d'Altares publiée ce mardi.
Malgré cette recrudescence des gros retards, une entreprise française sur deux (49,3%) paie ses factures à l'heure, un ratio comparable à celui de l'Europe (49,9%). Ainsi, la proportion des bons payeurs français "est à son plus haut historique", souligne le cabinet, expert de la data d’entreprise.
Les entreprises de la façade atlantique meilleures élèves
La capacité des entreprises à régler leurs fournisseurs dans les temps semble surtout se dégrader parmi les PME et les TPE: au cours du 1er semestre, les sociétés de 10 à 49 salariés sont restées sous 11,5 jours de délai, mais celles de 50 à 200 salariés ont allongé leurs retards de plus d'une journée (12,4 jours au deuxième trimestre contre 11,2 au T2 2022). Chez les TPE, c'est l'inverse: les structures de plus de 3 salariés se maintiennent aux environs de 11,5 jours tandis que les plus petites repassent à 12,2 jours au 2e trimestre.
Les ETI (entreprises de taille intermédiaire) et grandes entreprises de plus de 1000 salariés "ne confirment pas" pour leur part l'amélioration engagée l'an dernier: les délais réduits à 16,5 jours à l'été 2022 avoisinent désormais 18 jours.
Les entreprises des trois régions de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine) ont des retards moyens inférieurs à 10 jours. Ces retards sont de 12,7 jours dans les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, de 13,4 jours en Corse. L'Ile-de-France est "très au-dessus de la moyenne nationale, avec 17,4 jours. Les entreprises des autres régions ont 10 à 12 jours de retard en moyenne.
Un "plafond" de 13 jours de retard
L'étude constate par ailleurs qu'en Europe, "le plafond des treize jours de retard" en moyenne est "difficile à briser". Altares distingue de "bons élèves", Pays-Bas et Allemagne, avec des retards moyens de respectivement 4,1 jours et 6,2 jours, et Belgique, qui accuse cependant une proportion de grands retardataires au plus haut (6,4%) depuis deux ans.
Les pays latins sont "à la traîne", indique l'étude, avec notamment 24 jours de retard moyen au deuxième trimestre au Portugal où plus de 15% des entreprises présentent des retards de plus de 30 jours. Pour Thierry Millon, directeur des études d'Altares, "les entreprises européennes tentent de résister aux vents contraires" et "un clivage se creuse entre des entreprises plus nombreuses à tenir leurs engagements contractuels et d'autres plus nombreuses également à décaler leurs règlements de plus d'un mois".