Reprise économique: les chefs d'entreprises ont à nouveau confiance

"D'ici la fin de l'été, nous aurons proposé à tous les Français adultes qui le souhaitent un vaccin". C'est l'ambitieuse promesse faite par Emmanuel Macron, il y a une dizaine de jours, répondant aux critiques sur la lenteur de la vaccination. Cette déclaration a été un déclencheur pour beaucoup de chefs d'entreprise, qui y ont enfin vu un horizon de sortie de crise. Cette annonce "a eu un effet confiance important", souligne l'économiste Emmanuel Lechypre sur BFM Business. Car, même si les incertitudes ne sont pas encore levées, mais la voie semble tracée, à long terme, pour un retour à la normale
Si l'on revient sur le dernier baromètre des grandes entreprises réalisé par Eurogroup Consulting, publié en janvier, près de 45% des dirigeants interrogés estimaient alors que leurs entreprises seraient tirées d'affaires d'ici la mi-2021. "Vous en avez quasiment 10% de plus à l'heure actuelle", assure l'économiste, qui a réinterrogé les entrepreneurs pour BFM Business. "On a aussi des bonnes nouvelles sur le front de l'emploi", poursuit-il: selon Indeed, les intentions d'embauches ont connu "une augmentation assez significative" par rapport à ce qui avait été observé le mois précédent.
"La sortie de crise commence à pointer le bout de son nez, et la vaccination y est pour beaucoup", confirme Daniel Weizmann, président du Medef Île-de-France. Pour le dirigeant de l'organisation patronale francilienne, il ne fait aucun doute que 2021 sera beaucoup plus dynamique que l'année précédente, et que la croissance sera de retour. Selon les dernières prévisions de Bruxelles, la France pourrait afficher l'une des plus fortes progressions de l'UE avec une croissance de 5,5% pour l'année en cours. Pas si loin du scénario d'une croissance de 6% jusqu'à récemment avancé par Bercy.
Carnets de commandes
"Dès que l'on a des annonces cohérentes, et même s'il y a encore des difficultés, le climat des affaires s'améliore parce qu'il y a des perspectives. Ce qui est propice au rebond de l'économie, ce n'est pas de mener une politique de 'stop and go', mais de trouver un rythme de croisière", analyse Bernard Cohen-Hadad, président de la confédération des PME (CPME) de Paris-Île-de-France. "Il faut apprendre à vivre avec un risque sanitaire durable, et ne plus avoir au-dessus de nos têtes cette épée de Damoclès qu'est la menace d'un reconfinement national", estime-t-il.
Daniel Weizmann, au Medef, reste lui aussi prudent. "On ne peut pas vraiment dire que la confiance est revenue. Cela se voit dans les carnets de commandes: beaucoup d'entreprises attendent qu'ils se remplissent. Or, cette timidité n'aide pas à la confiance, et cela joue en défaveur des investissements et des embauches. On parle de la sortie de crise, on la voit mais on ne la vit pas encore", poursuit-il, évoquant notamment le secteur du BTP qui, malgré une reprise précoce de son activité, peine à avoir de la visibilité sur les chantiers dans les prochaines années.
Et toutes les sociétés ne sont pas logées à la même enseigne : du côté des auto-entrepreneurs, le retour de la confiance se fait encore attendre. "Ce n'est pas étonnant, cela s'observe à chaque crise : pour que les toutes petites entreprises se remettent en marche, il faut que les plus grandes se stabilisent. Il y a un décalage de plusieurs mois", observe Grégoire Leclercq, président de la Fédération des auto-entrepreneurs (FNAE), évoquant les services "BtoB". D'autant plus que les micro-entreprises "ont très peu, voire pas du tout, de trésorerie. Elles n'ont aucune visibilité à long terme".