Réouverture des commerces: les coiffeurs réclament un protocole sanitaire adapté à leur profession

Les coiffeurs dénoncent le nouveau protocole sanitaire. - RMC
"Ce n’est pas tenable". Président de l’Union nationale des entreprises de coiffure (UNEC), Christophe Doré a pris connaissance avec consternation du nouveau protocole sanitaire des commerçants qui doit accompagner la réouverture de leurs boutiques dans les prochains jours, à la faveur d’un assouplissement des règles du confinement. Une mesure en particulier a attisé sa colère: le relèvement de la jauge d’occupation des magasins qui devrait passer de 4m² par personne à 8m².
Dès vendredi, Christophe Doré est monté au créneau afin de dénoncer ce qu’il considère être une absurdité pour sa profession.
"La coiffure est un métier avec une certaine spécificité, dont les temps de pose. Sacraliser 8m² autour d’une cliente qui patiente assise et ne déambule pas dans le salon, c’est incohérent", estime-t-il. Et d’insister: "La coiffure a vraiment une particularité. Elle prend minimum une demi-heure si vous travaillez sur une coupe homme, donc il y a des moments importants de présence".
Partant du principe que la superficie moyenne d’un salon de coiffure "tourne autour de 45 à 50m²", il assure que le respect d’une telle jauge aurait pour conséquence de "tuer la profession". De fait, cela réduirait considérablement le nombre de clients présents en même temps dans le salon et reviendrait pour beaucoup de professionnels à travailler à perte.
Négociations en cours
Rien n’est encore joué pour autant. Interrogée dimanche par Radio J, la ministre déléguée en charge de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, s’est montrée ouverte à la discussion avec les coiffeurs, indiquant que Bercy était "en train de régler les détails avec eux, car le problème de la jauge de 8m² semble plus délicat à suivre que dans d’autres professions", a-t-elle reconnu.
Une réunion débutée à 15 heures entre les représentants des coiffeurs et le ministère de l’Economie était encore en cours à l’heure où nous écrivons ces lignes. Christophe Doré affirme pour sa part qu’il ne "lâchera pas". Il estime que les mesures déjà mises en place à l’issue du premier confinement sont largement suffisantes. "Elles ont été parfaitement suivies et appliquées (…). Tout le monde a un masque, il y a du gel, tout est nettoyé et désinfecté", rappelle-t-il. En clair, inutile de renforcer le protocole dans les salons de coiffure, selon lui. Le président de l’UNEC se dit toutefois prêt à étudier la question de la prise systématique de rendez-vous si le gouvernement accepte de renoncer à la jauge des 8m².
Un mois de décembre "crucial"
Au-delà du protocole sanitaire, Christophe Doré regrette de ne pas être informé plus tôt de la date de réouverture des salons de coiffure et craint de n’être mis au courant que lors de l’intervention d’Emmanuel Macron mardi soir, soit en même temps que le reste des Français. "Est-ce qu’on pourra avoir une information en amont pour se préparer? Je suis très ennuyé par rapport à ça", explique-t-il.
Une ouverture au mois de décembre est en tous cas "cruciale pour notre métier", poursuit-il. Et pour cause, le dernier mois de l’année pèse entre 15 et 20% du chiffre d’affaires des coiffeurs. De quoi compenser en partie les baisses de fréquentation enregistrées depuis juin, après "l’euphorie" du mois de mai et du déconfinement. Et pour permettre aux salons de répondre à la demande qui s’annonce forte, Christophe Doré se dit plutôt favorable aux ouvertures le dimanche le mois prochain "si cela peut permettre aux chefs d’entreprises d’organiser le travail différemment et de l’étaler". A condition cependant que cela se fasse "sur la base du volontariat" des salariés.