Produits bio: Carrefour et Intermarché déclarent être visés par l'Autorité de la concurrence

Des tomates issues de l'agriculture biologique vendues à Nantes en novembre 2017 (photo d'illustration). - LOIC VENANCE / AFP
L'Autorité de la concurrence a adressé fin 2024 à plusieurs distributeurs, notamment Carrefour et Intermarché, une "notification de grief" leur reprochant une "stratégie collective" dans la distribution de produits issus de l'agriculture biologique "à compter de novembre 2016", a appris l'AFP mercredi auprès de certains des acteurs concernés.
Carrefour et Intermarché ont déclaré à l'AFP avoir été notifiés et contestent les reproches de l'Autorité. Cette dernière n'a pas souhaité commenter. Le groupe Casino, qui détient l'enseigne spécialisée Naturalia, a indiqué à l'AFP n'avoir reçu "aucune notification sur ce sujet", pas plus que le leader du secteur, Biocoop.
Carrefour indique dans son document d'enregistrement universel pour 2024, consulté mercredi par l'AFP, que plusieurs de ses sociétés sont dans le viseur de l'Autorité, chargée d'éviter que des acteurs économiques ne faussent le jeu de la concurrence, par exemple en s'entendant entre eux. L'entreprise a précisé à l'AFP que c'étaient ses filiales Sobio, Greenweez et CSF (Carrefour) qui avaient reçu cette notification de grief, qui est l'acte d'accusation adressé aux entreprises ou organismes à qui l'Autorité de la concurrence reproche, après enquête, des pratiques anticoncurrentielles.
"Prétendue ligne commune"
"Il leur est reproché de s'être coordonnées, à compter de novembre 2016, pour mettre en place une stratégie collective visant à segmenter artificiellement, selon les marques, la distribution des produits biologiques entre, d'une part, le canal de distribution spécialisé (les magasins et sites de e-commerce bio, NDLR) et, d'autre part, le canal de distribution conventionnel (les magasins et sites généralistes, NDLR)", détaille Carrefour. Carrefour dit à l'AFP avoir "répondu en février" à l'Autorité, "contestant tous les griefs notifiés".
"On nous reproche une prétendue pratique concertée avec le Synabio", syndicat professionnel des distributeurs spécialisés bio, "sur une segmentation des produits bio en fonction des réseaux généralistes et spécialistes lors de réunions au sein de ce syndicat professionnel", dit le distributeur. "Or Sobio et CSF n'ont jamais adhéré au syndicat Synabio et Greenweez n'a participé qu'à une seule réunion, et Carrefour n'a jamais acquiescé à la prétendue ligne commune adoptée au sein du Synadis Bio", réagit-il.
La communication du groupement des Mousquetaires/Intermarché, qui détient l'enseigne spécialisée les Comptoirs de la bio, indique aussi à l'AFP que "certaines sociétés du groupement ont reçu en fin d'année dernière, comme d'autres distributeurs de produits biologiques" cette notification de grief. "Nous contestons fermement ce grief", ajoute-t-elle.
Sur son site, l'Autorité de la concurrence rappelle qu'une "notification de griefs ne préjuge en rien de la culpabilité des entreprises ou organismes visés".