"Ouvertures de capital", investissements "sélectifs": le PDG d'EDF confirme ses pistes de rentabilité

Le nouveau PDG d'EDF Bernard Fontana a souligné la nécessité de "prioriser" les investissements et a confirmé étudier des "ouvertures de capital" afin de retrouver "des marges de manoeuvre financières", dans un message interne adressé aux principaux cadres du groupe public et consulté jeudi par l'AFP.
Dans ce message au TOP 1.000 (les principaux cadres) dévoilé par Les Echos, Bernard Fontana, qui dirige l'électricien public depuis mai, estime que le "nécessaire réalisme financier" doit conduire à être "attentifs à la rentabilité de nos activités (...) et en particulier à la gestion de nos frais généraux", visés par un plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici 2030.
Pour regagner des marges de manoeuvre, il faut être "sélectifs dans les projets dans lesquels nous investissons" et donner la priorité en France au nucléaire et à l'hydraulique, pour augmenter la puissance des réacteurs et moderniser les barrages, indique-t-il dans ce message, après une visioconférence lundi.
A l'étranger, "nous sommes prêts à étudier des ouvertures de capital sur des territoires ou dans des activités ciblés afin de nous donner des marges de manoeuvre financières", déclare Bernard Fontana, sans détailler. Des rumeurs de presse ont évoqué une possible cession de sa filiale italienne Edison, non confirmée à ce stade, et la recherche de partenaires pour les activités d'EDF Power solutions (renouvelables) aux Etats-Unis.
Dette abyssale
Pour le PDG, le constat est clair: "nos activités ne génèrent pas les cash-flows (trésorerie, NDLR) nécessaires pour couvrir l'intégralité de nos investissements, du fait des prix de vente bas de l'électricité, des surcoûts de construction et du développement d'activités insuffisamment rentables".
EDF a une dette abyssale, de 54,3 milliards d'euros à fin 2024.
D'où ce cap fixé par Bernard Fontana: dans un "contexte politique et énergétique complexe" et "émaillé d'incertitudes", faute notamment de décret de programmation énergétique (PPE3), "nous ajustons donc notre feuille de route pour mieux l'exécuter, nous réaffirmons nos priorités et accélérons notre action".
Le constat fait écho au diagnostic de la Cour des comptes, qui s'est inquiétée dans un rapport du 23 septembre des perspectives financières d'EDF, "confronté à d'importantes incertitudes sur sa capacité de financement à long terme", alors que le groupe fait face à des besoins d'investissement atteignant 460 milliards d'euros entre 2025 et 2040.
"Il est nécessaire de maîtriser notre dette car une dégradation de notre notation financière menacerait l'accès aux marchés et notre capacité à financer nos investissements", prévient Bernard Fontana.
"Ca serait aussi bien d'avoir un contexte politique qui permette de sécuriser l'avenir du groupe", parce que "c'est aussi sécuriser l'avenir énergétique de la France", a commenté Amélie Henri, déléguée syndicale centrale CFE-CGC