Michelin: LFI veut "demander des comptes" aux grands groupes "qui se gavent d'argent public"

C'est un cas de figure suffisamment rare pour être souligné. Les députés LFI Manuel Bompard et Clémence Guetté se sont rendus mercredi après-midi sur le site de Cholet au lendemain de l'annonce de sa fermeture par la direction de Michelin. La vice-présidente de l'Assemblée nationale a souscrit aux propos tenus la veille dans l'hémicycle par le Premier ministre lequel déclarait vouloir "savoir" ce que les groupes Auchan et Michelin ont fait "de l'argent public qu'on leur a donné". "C'est une bonne piste quand Michel Barnier dit 'on va poser des questions sur l'utilisation de l'argent public, on voudrait bien savoir à quoi ça a servi'", a-t-elle estimé.
"Ca fait des années qu'on alerte sur le fait que le crédit d'impôt recherche est mal utilisé et qu'on injecte de l'argent sans vérifier à quoi il sert. On ne sait pas à quoi on servi ces subventions, l'usine est délabrée", a lancé Clémence Guetté.
La parlementaire a invité le chef du gouvernement à permettre la tenue d'une commission d'enquête à l'Assemblée nationale "pour savoir quelles sont les causes de ce type de fiascos". Elle souhaite ainsi "demander des comptes aux responsables et notamment aux patrons de ces grands groupes capitalistes qui se gavent d'argent public et abandonnent tous leurs salariés du jour au lendemain sans rendre aucun compte." Le géant français du pneu a annoncé mardi aux salariés la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes (Morbihan), qui comptent au total 1.254 salariés.
Manuel Bompard favorable à une loi en la matière
Clémence Guetté était accompagnée par Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône, qui a rappelé à un salarié l'interpellant la nécessité d'"avoir des contreparties en matière de préservation d'emplois quand on distribue de l'argent public sous forme de crédit d'impôt recherche." Le coordinateur national de La France insoumise a formulé une piste d'initiative similaire à celle de sa camarade, à savoir la convocation de la direction du groupe à l'Assemblée nationale "pour lui demander des explications".
"Il devrait y avoir une loi en France sur le fait que les licenciements devraient être interdits dans des entreprises qui ont touché de l'argent public", a-t-il insisté, déplorant l'absence d'une telle législation actuellement.
Le besoin que Michelin "rende des comptes" paraît d'autant plus justifié aux yeux des deux élus que "ce n'est pas un groupe qui a des difficultés financières" mais "un groupe qui fait des bénéfices et qui verse des dividendes" comme le rappelle Manuel Bompard.