Metex: le groupe agroalimentaire Avril annonce le dépôt d'une offre de reprise

Les salariés de l'usine Metex se mobilisent ce lundi à 14h alors que l'usine a été placée en redressement judiciaire. - RMC
Le groupe agroalimentaire Avril a annoncé lundi le dépôt d'une "offre pour la reprise" de l'usine amiénoise du biochimiste Metabolic Explorer (Metex), juste avant l'expiration du délai fixé par le tribunal de commerce de Paris, précisant que "304 emplois sont concernés" par cette offre.
"Cette offre associe, aux côtés d'Avril, le fonds d'investissement Sociétés de projets industriels (SPI), géré par Bpifrance pour le compte de l'Etat" et a été construite "grâce au soutien de la région Hauts-de-France et d'Amiens Métropole", précise Avril dans un communiqué. L'offre du géant français des huiles déposée auprès des administrateurs judiciaires vise "l'activité de l'usine d'Amiens", qui emploie environ 280 personnes, "des activités R&D indispensables à son exploitation (dont certaines situées à Saint-Beauzire, Puy-de-Dôme), ainsi que les activités commerciales localisées à Paris".
"C'est une étape déterminante dans le sauvetage de l'entreprise", se félicite le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure.
"Le travail continue pour lever l'ensemble des conditions suspensives d'ici l'audience devant le tribunal de commerce", conditions qu'Avril n'a pas détaillées. Avril, connu pour ses marques d'huile Lesieur et Puget mais aussi présent dans les agrocarburants et l'alimentation des animaux d'élevage, indique porter un projet industriel qui "répond pleinement à l'enjeu de décarbonation et de souveraineté française et européenne des filières de production animales".
Seul site européen producteur de lysine
L'usine d'Amiens est le seul site à produire en Europe de la lysine, un acide aminé essentiel de l'alimentation des animaux d'élevage.
"L'incorporation de lysine dans l'alimentation du bétail permet de réduire le recours au soja importé au profit de protéines végétales locales (colza, tournesol...)", souligne le groupe.
Pour François Ruffin, député LFI de la Somme, c'est "une victoire pour les salariés et pour la Picardie, mais aussi pour la France et pour la planète", la lysine produite par Metex émettant selon les syndicats cinq fois moins de carbone que la lysine chinoise. "Avril témoigne une nouvelle fois de son engagement en faveur des filières animales et végétales. Nous sommes confiants dans la qualité de notre offre et dans notre capacité collective, avec les autres acteurs engagés, à lever les conditions suspensives", a déclaré le directeur général d'Avril, Jean-Philippe Puig, cité dans le communiqué.
Envol du prix des matières premières et dumping chinois
Metex avait demandé le 16 mai son placement en redressement judiciaire. Son usine amiénoise l'avait été deux mois plus tôt. L'usine est confrontée depuis plusieurs mois à un environnement économique difficile, ses coûts de production ayant bondi en raison de l'envol des prix des matières premières, notamment le sucre qui représente 50% du coût de production de la lysine.
L'entreprise dénonçait également un "dumping" de la part des producteurs chinois de cet acide aminé, ce qui a mené à l'ouverture d'une enquête par la Commission européenne. "On espère qu'elle va aboutir à des sanctions, des mesures", prévient Karine Leclerc, déléguée syndicale FO de l'usine amiénoise.
"Maintenant, ce qu'il faut, c'est du protectionnisme", souligne François Ruffin. "Sans protectionnisme, l'usine n'aura pas de viabilité".
La tête de liste LFI aux élections européennes, Manon Aubry, espère que cette victoire présage "d'autres à venir pour relocaliser notre production contre le libre-échange", a-t-elle écrit sur X. Le groupe Avril, qui a réalisé en 2023 un chiffre d'affaires de 7,9 milliards d'euros, est présent dans 19 pays avec près de 7.500 collaborateurs.