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Malgré le contexte économique tendu, un tiers des start-up françaises se disent rentables

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Le contexte est difficile selon la dernière édition du Baromètre France Digitale et EY sur la performance économique et sociale des start-up, 7% ont même abandonné leurs projets auprès des investisseurs.

Les temps sont durs pour les start-up françaises, contexte économique oblige. Mais si les levées de fonds sont particulièrement difficiles cette année, ces entreprises technologiques semblent bien résister aux crises grâce à leur capacité d'adaptation, selon la dernière édition du Baromètre* France Digitale et EY sur la performance économique et sociale des startups.

Franck Sebag, associé chez EY - 11/07
Franck Sebag, associé chez EY - 11/07
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Côté levées de fonds, la chute annuelle est particulièrement impressionnante. "Avec seulement 4,2 milliards d’euros au premier semestre, soit -49% sur un an, les start-up rencontrent davantage de difficultés à lever des fonds, en particulier pour les séries A. Ainsi, la moitié des start-up qui ont réussi à lever des fonds disent avoir eu des difficultés à convaincre leurs investisseurs, et ont envisagé des solutions alternatives (dette bancaire, autofinancement)", indique l'étude.

"Ce n’est pas étonnant" commente Maya Noël, directrice générale de France Digitale. "Ce stade d’investissement est le plus risqué."

Et de détailler: "Bien que les VCs (venture-capital, NDLR) aient encore des capacités d’investissement, ils accordent une attention plus importante aux capacités de mise sur le marché des solutions innovantes dans lesquelles ils investissent. Pour les startups plus matures (série D et +), les levées de fonds sont un peu moins difficiles, et les solutions alternatives (dette bancaire, autofinancement…) sont plus facilement envisageables. Encore faut-il qu’il y ait suffisamment d’investisseurs en capacité de s’engager".

Une situation qui peut arriver puisque "7% des startup ont abandonné le projet de levée" auprès des investisseurs lors des six premiers mois de l'année, souligne le baromètre.

30% des startup se disent rentables

Pour autant, cela n'empêche pas la plupart des 13.000 start-up hexagonales d'adapter leur modèle afin de contrer les effets du ralentissement économique dans certains secteurs.

Selon l'étude, "90% d’entre elles disent avoir adapté leur stratégie au contexte économique mondial, la priorité étant donnée à l’accélération de leur développement pour atteindre la rentabilité".

Et malgré une croissance mondiale en baisse, 30% des start-up interrogées se disent déjà rentables et 55% envisagent de l’être d’ici trois ans. Preuve de cette résilience, 92% d'entre-elles entendent mener un plan de recrutement cette année (contre 98% il y a un an) alors que 8% envisagent des licenciements dans les 12 prochains mois.

Rappelons que ces entreprises représentent près de 1,1 million d’emplois internes, directs et indirects selon une étude de France Digitale et Actual Group (juin 2023) citée dans le baromètre.

"La French Tech s’est mis en ordre de marche depuis plus d’un an afin de pouvoir naviguer dans cette période de raréfaction des financements. Cela a permis d’accélérer sa transformation et d’intégrer la profitabilité comme un cap incontournable", commente Franck Sebag, associé EY en charge du secteur Fast Growing Companies Europe, Middle East, India & Africa.

"Ce changement de paradigme ne doit toutefois pas conduire les start-up à renoncer à leurs ambitions car l’histoire nous a démontré que c’est aussi en période de crise que naissent les plus belles opportunités", ajoute-t-il.

Autre enseignement de cette étude, la volonté plus forte des start-up d'améliorer leur impact social et environnemental. Un tiers d'entre elles ont déjà mesuré cet impact tandis que deux tiers qui l’ont fait estiment que c’est un atout pour lever des fonds, voire que c’est même indispensable pour 10% d’entre elles.

*Ce baromètre a été réalisé sur la base des réponses collectées par France Digitale et EY entre le 1er juin et le 15 août 2023 auprès de 500 startups répondant aux critères suivants : Siège social en France, Non cotée ou cotée depuis moins de 5 ans, Activité liée au secteur technologique. Les données financières présentées dans ce baromètre portent sur les exercices 2022 et 2021.

Les données relatives à l’emploi en startups ont pour source l’étude sur l’Emploi en start-up, publiée par France Digitale avec Actual Group en juin 2023.

Les données relatives aux montants levés par les start-up au premier semestre 2023 sont issues du Baromètre du capital risque S1 2023 d'EY.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business