Malgré la surenchère de PAI, Sanofi s’apprête à entériner la vente de Doliprane à CD&R

Sanofi n’a pas l’intention de changer son fusil d’épaule. Le groupe pharmaceutique va réunir son conseil d’administration "dans les prochains jours", selon une source proche du dossier, pour avancer ses négociations avec Clayton Dubilier and Rice (CD&R). Le fonds américain a été choisi pour racheter 51% d’Opella, sa filiale de médicaments sans ordonnance qui détient le Doliprane, valorisée à un peu plus de 15,5 milliards.
Mais jeudi, le rival PAI a soumis une nouvelle offre au président de Sanofi, Frédéric Oudéa. Financièrement améliorée de 200 millions d’euros, elle serait désormais supérieure à celle de CD&R. "Mais il n’y a pas que le prix qui compte", souligne une source proche du groupe. PAI propose aussi d’embarquer Bpifrance dans son consortium et de prendre les engagements sociaux de maintien de l’emploi et des usines pour rassurer le gouvernement.
Négociations désormais "exclusives"
Sauf que cette offensive de PAI a lourdement agacé une partie des administrateurs de Sanofi.
"Leur attitude est insupportable, s’emporte un proche du dossier. Le conseil a très mal réagi alors qu’il avait déjà choisi CD&R."
La semaine dernière, le groupe pharmaceutique avait annoncé qu’il entamait des "négociations" avec le fonds américain. Mais depuis, un accord d’"exclusivité" a été signé, selon plusieurs sources proches du dossier, rendant caduque l’offre de PAI. Contactée, la direction de Sanofi n’a pas souhaité commenter nos informations.
Le groupe semble avancer comme s’il ne s’était rien passé, et s’achemine vers un choix ferme et définitif de CD&R pour la cession du contrôle d’Opella. "Sanofi et CD&R restent très en phase", ajoute une source. Le fonds américain négocie désormais les engagements sociaux réclamés par le gouvernement pour le Doliprane: le maintien de l’emploi sur plusieurs années, à priori cinq ans, celui des deux usines de Compiègne et Lisieux, ainsi que celui du siège d’Opella en France. "Les discussions sont intenses et il n’y a pas de raison qu’elles n’aboutissent pas", ajoute une autre source.
L’épineuse question de Bpifrance
Restera ensuite à trancher l’épineuse question de la présence de Bpifrance dans l’opération. Comme l’avait révélé BFM Business, la banque publique souhaite investir 150 millions d’euros pour obtenir 1% du capital d’Opella et un siège au conseil d’administration. Sanofi est très opposé à l’arrivée de BPI France alors qu’il restera actionnaire à hauteur de 49%.
"On n’est pas en Corée du Nord!, s’emporte un proche du groupe. Les engagements de CD&R suffisent, on n’a pas besoin de Bpifrance qui cherche à faire un coup financier."
De son côté, le fonds américain cherche à calmer le jeu. "CD&R connaît Bpifrance et n’est pas opposé à leur venue", explique un bon connaisseur du fonds. Même son de cloche côté BPI qui fait de sa collaboration avec les grands fonds d’investissement sa marque de fabrique.