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Madrid furieux contre le départ aux Pays-Bas de l'un de ses fleurons économiques

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Le gouvernement espagnol déplore le projet de transfert du siège social du groupe d'infrastructures Ferrovial de Madrid vers les Pays-Bas où est située sa filiale Ferrovial International SE.

Le gouvernement de gauche espagnol a jugé mercredi "inacceptable" la décision prise par l'un des fleurons économiques espagnols, le groupe d'infrastructures Ferrovial, de transférer son siège social au Pays-Bas, en assurant que cette entreprise devait "tout à l'Espagne". "Il est inacceptable qu'une entreprise qui est née et s'est développée en Espagne et grâce à l'investissement public des citoyens espagnols fasse preuve d'un tel manque d'engagement envers son pays", a estimé le ministère de l'Économie espagnol.

"Nous attendons les détails afin d'analyser et de suivre de près les implications possibles de cette décision erronée", a ajouté le ministère, pour qui le groupe d'infrastructures, fondé à Madrid en 1952, "doit tout à l'Espagne". Selon le ministère, ce message a été transmis par la ministre de l'Économie en personne, Nadia Calviño, lors d'une conversation téléphonique organisée mercredi matin avec le directeur général de Ferrovial Rafael del Pino.

Le groupe Ferrovial, propriétaire de l'aéroport d'Heathrow à Londres, mais aussi de nombreuses autoroutes, notamment aux États-Unis et au Canada, a annoncé mardi en publiant ses résultats sa volonté de transférer son siège social aux Pays-Bas. Cette décision se fera à travers "l'absorption" de la "société mère" de Ferrovial, basée à Madrid, par "sa filiale Ferrovial International SE", société anonyme néerlandaise, a précisé le groupe, qui a également dit vouloir déposer une demande de cotisation aux États-Unis.

Réorganisation stratégique ou dumping fiscal?

Dans son communiqué, le groupe a justifié cette réorganisation par "l'internationalisation croissante" de son activité.

"En 2022, 82% des revenus" du groupe provenaient de "ses activités internationales", à l'origine de "96% de la valeur de ses fonds propres", assure-t-il.

Cette décision a néanmoins été perçue comme un choix de nature fiscale par certains analystes et par une partie de la classe politique, les Pays-Bas étant connus pour proposer une fiscalité avantageuse aux entreprises basées sur son territoire.

Ferrovial "nous annonce sans ambages qu'elle transfère son siège social aux Pays-Bas parce que les conditions fiscales y sont meilleures. Il s'agit de dumping fiscal", a ainsi dénoncé mercredi la ministre communiste du Travail Yolanda Díaz. "Ferrovial est une entreprise très importante pour notre pays, qui s'est développée grâce à d'énormes contrats avec l'administration publique", a ajouté Yolanda Díaz, membre de l'aile gauche du gouvernement du socialiste Pedro Sánchez, en demandant au groupe de "revenir sur sa décision".

TT avec AFP